Black Panther: Wakanda Forever

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Cet article peut contenir des spoilers.

Le 28 août 2020, l’acteur américain Chadwick Boseman s’est éteint à l’âge de 43 ans. Connu pour avoir interprété le joueur de baseball Jackie Robinson dans le film 42 en 2013 et le chanteur James Brown dans Get on Up en 2014, Boseman est avant tout T’Challa, alias Black Panther dans le Marvel Cinematic Universe (MCU). Apparu dans quatre films (chronologiquement : Captain America: Civil War (2016), Black Panther (2018), Avengers: Infinity War (2018)et Avengers: Endgame (2019)), Boseman était l’incarnation ultime du personnage iconique créé par Stan Lee et Jack Kirby, apparu pour la première fois dans les comics en 1966. Dans la mythologie Marvel, T’Challa est le roi du Wakanda, un pays africain riche en vibranium, une matière première de base et principale ressource énergétique du pays. Membre du groupe des Avengers, Black Panther est un personnage important qui a vécu plusieurs aventures et a affronté plusieurs ennemis (dont l’inoubliable Killmonger dans le premier film). Black Panther: Wakanda Forever, est le trentième long-métrage du MCU. Le réalisateur Ryan Coogler, aux commandes du premier film en 2018, signe ce second volet. Ainsi, après la mort du roi T’Challa, le Wakanda est en deuil. Shuri, la sœur du roi, la reine Ramonda, la mère du défunt, et leurs allié.e.s doivent faire face aux ingérences des autres nations sur le vibranium, ainsi qu’à une nouvelle menace venue droit des océans : Namor, chef d’un peuple de descendance aztèque, vivant dans les profondeurs de l’océan, caché du monde de la surface.

Ce nouveau blockbuster soulève plusieurs questions. En effet, suite au succès mondial du premier film (1.344 milliard de dollars de recettes au box-office mondial), le deuxième volet avec Chadwick Boseman en tête d’affiche a été automatiquement confirmé. Après la mort de ce dernier toutefois, on pouvait se demander si un tel film était toujours d’actualité et, dans l’affirmative, quelle serait son utilité ? Kevin Feige, le “Big Boss” de Marvel Studios en avait confirmé la production sans le personnage de T’Challa, c’est-à-dire sans doublure numérique de l’acteur décédé. Ce long-métrage est ainsi considéré comme un hommage à l’acteur et à sa contribution au sein de l’univers Marvel. Alors, les deux interrogations essentielles sont : est-ce un hommage réussi et qu’est-ce que le film apporte de nouveau dans l’univers Marvel ?

D’abord, l’hommage à Chadwick Boseman. Le film, dès les crédits de début, fait référence à l’acteur et tourne autour du deuil. Les funérailles du roi, colorées mais sobres, annoncent le ton dramatique de l’histoire. Shuri, grande protagoniste de ce nouvel opus, ne s’est toujours pas remise de la mort de son frère, un an après son décès. La colère qui l’habite l’empêche d’aller de l’avant et sa relation avec sa mère, la reine Ramonda, est un facteur important pour son développement personnel. L’arrivée de Namor, puis la guerre entre les wakandais et le peuple du royaume de Talokan, dissipent l’hommage sans pour autant l’oublier. Mais la scène post-crédit est une véritable réussite qui, par sa sobriété, ne cherche pas à teaser une suite ou un prochain grand héros de la mythologie Marvel mais plutôt à introduire un jeune personnage permettant ainsi d’ajouter de la douceur pour un bel hommage dans l’ensemble.

Concernant le film en lui-même et son intrigue, on peut lui attribuer de nombreuses qualités mais la présence de quelques failles l’empêche d’être excellent. Après les funérailles du roi T’Challa, le film effectue un saut d’une année en avant dans le temps, à un moment où le royaume du Wakanda est la cible d’accusations de la part des grandes puissances, dont le reproche est de ne pas respecter ses obligations concernant le vibranium et le commerce de ce matériau. La déstabilisation du pays par les grandes puissances essayant de le lui voler en fait donc l’un des enjeux principaux. Cette intrigue pose un cadre au long-métrage mais est rapidement expédiée par l’arrivée de Namor en tant qu’antagoniste. Le personnage d’Everett Ross (incarné par Martin Freeman) est à mon sens inintéressant et alourdit le récit inutilement à cause de son arc narratif qui se détache de l’intrigue principale, qui aurait pu se centrer sur le conflit avec Namor, et plus particulièrement sur la cité sous-marine de Talokan.

Après avoir détruit une plateforme américaine en quête de vibranium, Namor veut tuer le ou la scientifique à l’origine d’une machine capable de détecter du vibranium, laquelle a servi à en trouver dans les océans, contraignant ainsi le Wakanda à lever le voile sur son identité. Cette personne s’avère être une étudiante du MIT nommée Riri Williams (interprétée par Dominique Thorne). Âgée de 19 ans et surdouée, elle a été engagée par le gouvernement américain pour construire une telle machine et est retrouvée par Shuri et la guerrière Okoye, qui la mettent sous protection du Wakanda, créant un conflit avec Namor voulant sa mort. Une guerre s’engage entre Shuri, Okoye et ses allié.e.s, contre le peuple du Talokan, qui mène à la quasi-destruction de la capitale wakandaise. Malgré ses 2 heures et 40 minutes, le fil rouge du film est plus clair et plus intéressant que celui du premier opus et contient des enjeux plus denses.

Concernant les protagonistes, le film apporte des développements de personnages plus pertinents que dans le premier opus, à commencer par Reine Ramonda qui, à la mort de son fils, doit faire face aux attaques des nations envers son pays, mais plus important encore, à la menace de Namor. La performance d’Angela Bassett est remarquable et digne d’une nomination aux Oscars, la prédominance de son personnage et son traitement ajoutent une plus-value à l’œuvre. Un autre personnage particulièrement intéressant est la guerrière Okoye (interprétée par Danai Gurira), qui a gagné en importance par rapport au premier film. De son côté, Shuri, qui succède à son frère en tant que Black Panther, est assez convaincante malgré un jeu d’actrice à mes yeux mitigé. Le personnage de Riri lui, traité succinctement, n’a pas été très développé car celle-ci aura le droit à sa propre série appelée Ironheart l’automne prochain. Le personnage de Nakia, la femme du roi défunt, est une déception, puisque sous-exploité et sans intérêt ni apport au scénario à mon sens. 

Le rival de l’intrigue, Namor, nous présente quant à lui ses origines. Né plus de 400 ans auparavant, lors de la colonisation espagnole et estimé comme un dieu, ce personnage dont la mère a avalé du vibranium, est considéré comme le premier citoyen du peuple de Talokan. Développant une haine envers les humain.e.s de la surface, la machine développée par Riri a encouragé le chef du peuple Talokan à échafauder un plan pour envahir la surface. Cependant, il a besoin du soutien du Wakanda, seule nation à posséder du vibranium avec le royaume de Talokan. Malgré une origin story bien réussie et la dangerosité du personnage bien amenée, Namor tombe rapidement dans l’archétype du méchant radical qui veut « détruire l’humanité » le dévalorisant considérablement.

Concernant la forme, cette production hollywoodienne n’offre rien d’exceptionnel. Les scènes d’action sont pour le moins banales et dénuées d’originalité (tout comme une grande majorité des films Marvel), même si le combat entre Okoye et le guerrier Talokan à Boston est particulièrement réussi. La musique est d’après moi bonne avec des sonorités afro-américaines, africaines et latinos. La production design laisse une appréciation mitigée, non seulement parce que la représentation du royaume de Talokan, sombre et illisible, est décevante, mais aussi parce que le film ne prend pas le temps d’explorer cette cité sous-marine pourtant prometteuse.

En conclusion, Black Panther: Wakanda Forever est un bon divertissement qui a réussi à rendre hommage à Chadwick Boseman mais qui ne se distingue pas du reste des productions marveliennes. Cependant, les fans de Marvel et du premier film aimeront probablement ce deuxième opus.

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