Coupe du monde 2022, rapide rappel des enjeux avant la cérémonie d’ouverture

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La FIFA, dans sa volonté de diversification de l’organisation de sa compétition phare, nomme le Qatar comme pays hôte en 2010 [1], qui se voit attribuer cette responsabilité au détriment des autres candidats en lice, à savoir le Japon, l’Australie, les USA et la Corée du Sud. Il s’agit du premier pays du Moyen Orient et également du premier pays arabe à accueillir la Coupe du Monde de football. Au vu de la position géographique du pays, le début de la compétition a dû être décalé au mois de novembre afin d’éviter les trop fortes chaleurs d’été, période à laquelle la compétition a lieu traditionnellement. Coïncidence habile ou heureuse pour le Qatar, car le 18 décembre (dernier jour de la compétition) le pays célébrera sa fête nationale. De plus, à une semaine des fêtes de fin d’année, la finale du tournoi s’attend à casser des records d’audiences télévisuelles, ce qui mettra fortement en avant le pays hôte et pourrait drastiquement augmenter son soft power.

Les différentes controverses liées à l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar

En préambule, un grand nombre de fans de football s’interroge sur la raison de cette attribution : en effet, le Qatar n’est pas réputé pour sa grande tradition footballistique : c’est la première fois que son équipe nationale participera à la Coupe du Monde, la qualification étant obtenue d’office pour le pays hôte. Bien que méconnue du grand public, il est tout de même important de souligner que l’équipe du Qatar a gagné la Coupe d’Asie 2019 [2], l’emportant en finale contre le Japon. Très jeune Etat (il obtient son indépendance en 1971 [3]), le Qatar est surtout connu pour son économie pétrolière et gazière. Alors que les derniers pays ayant accueilli la compétition dans l’ère moderne ont un lien relativement fort avec le football (Russie, Brésil, Afrique du Sud, Allemagne sur les 16 dernières années), ce n’est pas autant le cas pour le Qatar. Et même si la Russie de Vladimir Poutine avait également fait parler d’elle en 2018 pour différents sujets, son équipe nationale était déjà connue et avait même atteint les quarts de finale de la compétition en éliminant l’Espagne.

Alors, pourquoi la FIFA a-t-elle choisi sur le Qatar ? Certaines voix avancent que l’émirat aurait acheté des voix parmi les 22 personnes votant pour définir l’hôte. En effet, si aucune preuve ne confirme cette hypothèse, trois pays (la Suisse, la France et les Etats-Unis d’Amérique) ont ouvert des enquêtes judiciaires, les derniers avancent même qu’il y a en effet eu corruption [4]. Aux dernières nouvelles, le Qatar aurait espionné la FIFA pendant 9 ans [5], afin d’être sûr que l’organisation de la Coupe du Monde leur serait attribuée.

Pour ce qui est de la volonté de la part de la FIFA de varier l’attribution du tournoi dans différentes régions du monde, il n’est toujours pas compréhensible pour certain.e.s observateur.trice.s ou fans de l’avoir attribué au Qatar. En effet, le pays ne possédant quasiment aucune infrastructure sportive, il a dû construire six stades mais également des villes entières autour de ces derniers afin d’accueillir les équipes nationales et les supporter.trice.s. Cela est bien souvent le cas lors de la majorité des grandes compétitions sportives, et ce peu importe le pays. Malheureusement, ces stades sont très souvent laissés à l’abandon après la durée du tournoi, et ce sera probablement le cas ici, notamment au vu de la taille relativement modeste du championnat national qatari.

La construction des stades a en effet des coûts, et ceux-ci ne sont pas uniquement financiers. Ce qui fait le plus parler avec cette compétition ce sont ses coûts humanitaires et écologiques, vus comme un « désastre » [6] par bon nombre d’ONGs et observateur.trice.s du football. Officiellement, ce sont plus de 37 ouvriers étrangers qui sont morts sur les chantiers [7], majoritairement dans des situations de travail irrégulières ; mais selon une enquête de The Guardian [8], ce nombre serait sous-évalué et il s’agirait en réalité de 6500 décès.

De plus, en plus du rejet de CO2 par la construction elle-même, c’est la climatisation des stades qui a fait parler d’elle dernièrement. Bien que les responsables qataris assurent que cette dernière fonctionnera (en partie) grâce à de l’énergie solaire, ils n’ont pas précisé dans quelles proportions [9]. Étant donné que la majorité de l’électricité du Qatar est produite via des centrales au gaz (le pays est le 5e producteur de gaz au monde et le premier exportateur de gaz naturel liquéfié) cela laisse à penser que la climatisation sera produite à partir de cette énergie.

En dernier lieu, le comité d’organisation de la Coupe du Monde au Qatar a diffusé une liste de règles à respecter durant la compétition [10]. Le document, s’intitulant « do’s and don’ts » avertit qu’une grande partie du code pénal Qatari est basé sur la Charia. Ainsi, la liste avertit que la consommation d’alcool et l’habillement des touristes (surtout celui des femmes) seront fortement cadrés. De plus, les droits LGBT n’existant pas dans ce pays, les homosexuel.le.s qui viendraient assister aux matchs sont invité.e.s à être « discret.e.s » et peuvent risquer des peines de prison, voire la peine de mort en cas de relation sexuelle sur le sol Qatari [11]. Cette liste a été source « d’échanges tendus [10] » entre la FIFA et les autorités qataries car ces dernières, n’ayant pas été averties de sa publication par la FIFA, niaient une partie des informations contenues dans le document.

Quoi qu’il en soit, en plus du rachat du Paris Saint-Germain en 2011 [12], de la victoire en Coupe d’Asie en 2019 [2] et de la future organisation de cette dernière en 2023 [13], le Qatar va organiser la plus grosse compétition mondiale de football sur son sol cette année. Nul doute que ce petit territoire va prendre une place importante sur la carte dans les années qui arrivent.

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