Les films de la rentrée

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Après un été très chaud et sans aucunes restrictions sanitaires, l’heure est à la rentrée des classes. Cependant, le cinéma fait également sa rentrée après un été plutôt satisfaisant en productions cinématographiques de tout genre. Focus donc sur trois productions marquantes de cette rentrée.

Everything, Everywhere, all at Once de Dan Kwan & Daniel Scheinert

Aux Etats-Unis, Evelyn Wang (jouée par Michelle Yeoh), une immigrante chinoise âgée, accumule les difficultés familiales, professionnelles et avec le fisc. Elle se retrouve soudainement plongée dans le multivers (plusieurs mondes parallèles), où elle explore toutes les vies qu’elle aurait pu mener. Elle doit cependant faire face à des forces obscures pour sauver le monde et protéger sa famille. 

« Beaucoup » est sûrement l’adjectif que l’on peut donner à ce film. Beaucoup de quoi ? Beaucoup d’actions, beaucoup d’émotions, beaucoup de ridicule, beaucoup de rire… beaucoup ! Mais cela n’est pas un problème car c’est justement le principe du film. Le concept du multivers dans l’œuvre est le suivant : à chaque décision que vous prenez dans votre vie, un univers se crée avec une version de vous-même qui a fait un choix différent. Quelle vie aurait pu avoir la protagoniste si elle n’avait pas épousé son mari ? Pour obtenir les savoirs et les savoir-faire de vos autres versions, il suffit de faire une action qui n’a pas de sens (comme inverser les chaussures des pieds par exemple) et penser à votre “autre” version de vous-même ayant les capacités désirées (une version qui fait du kung-fu ou qui chante par exemple).

Premièrement, le film est un concentré d’émotions qui monte crescendo vers la dernière partie. Tou.te.s les acteurs et actrices sont appliqué.e.s, mais c’est surtout Michelle Yeoh (connue entre autres dans Tigre et Dragon et Supercop) qui crève l’écran et signe une des meilleures performances de sa carrière pour son jeu d’actrice convaincant et ses chorégraphies spectaculaires. Une question existentielle se pose dans l’œuvre : pour quoi vit-on ? Quels buts ou objectifs essayons-nous d’atteindre ? Ainsi, la grande thématique est le regret. Le scénario se penche également sur des thèmes universels comme l’amour pour ses proches, la charge financière et professionnelle menant des personnes au burn-out ou au suicide. C’est une production qui assume ses excès de combats, ainsi que le surplus de moments surprenants et d’émotions.

Le film est également un plaisir visuel. Un montage dynamique qui donne un style unique au long-métrage. Chaque scène contient une idée de mise en scène ou de montage, ce qui est remarquable pour une production à 25 millions de dollars de budget. C’est également une œuvre qui regorge de références et d’hommages cinématographiques : de la scène des singes de 2001 : L’Odyssée de l’Espace, aux combats de The Matrix en passant par Ratatouille (le film d’animation Pixar de votre enfance), on pourrait y voir un hommage au cinéma à travers le concept du multivers (où chaque univers possède une idée visuelle unique différent).

En conclusion, Everything, Everywhere, All at Once donne une leçon importante à Hollywood (et plus particulièrement au Studio Marvel) car ce long-métrage a compris et a bien exploité la notion du multivers et est un plaisir visuel de tous les instants. Une des plus grosses surprises de l’année.

Holy Spider de Ali Abbasi

2001, à Mashhad, ville sainte de l’Iran, plusieurs prostituées sont assassinées par un tueur appelé “l’araignée”. Une journaliste décide d’enquêter sur cette série de meurtres et doit affronter les faubourgs sombres de la ville et les autorités qui ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue.   

D’une violence troublante et inspiré d’événements réels, Holy Spider ne laissera pas les spectateur.rice.s indifférent.e.s. Le long métrage suit deux histoires, deux récits parallèles qui convergent vers la dernière partie de l’œuvre.

Le premier récit se centre sur la journaliste qui arrive à Mashhad et enquête sur la série de féminicides qui frappe la ville sainte. Voyant l’incompétence ou l’indifférence des autorités face à ces crimes, elle met sa vie en danger en explorant les ruelles sombres de la ville. Pour démasquer le tueur, elle se fait passer pour une prostituée. Journaliste à scandales qui a eu des problèmes professionnels pour cause de harcèlement sexuel, ce personnage fait écho à la vie de son interprète : Zar Amir-Ebrahimi, actrice star de la télé iranienne dans les années 2000 dont la carrière s’est subitement arrêtée pour cause d’une fuite d’une vidéo explicite d’elle.

Ayant du mal à trouver du travail après ce scandale, l’actrice a dû quitter l’Iran pour continuer sa carrière. Grâce à Holy Spider, elle a ainsi obtenu le Prix d’interprétation féminine au dernier festival de Cannes mais la grande révélation de l’œuvre réside dans le jeu de Mehdi Bajestani, l’acteur qui joue “le tueur araignée”.

Holy Spider est un film qui casse les codes du thriller traditionnel car dans celui-ci, l’identité du tueur est révélée dès le début. Maçon et père de famille le jour, puis serial killer la nuit, le personnage de Saeed est assez complexe. La démarche du réalisateur de le démasquer dès le début et de nous montrer son quotidien nous fait ressentir à la fois de la peur mais également de l’empathie : peur du serial killer qui, dans des scènes très violentes étrangle ses victimes et se débarrasse des corps avec comme mission de “nettoyer” la ville ; empathie pour ce père de famille traumatisé par la guerre des années 80 et qui tente de mener une vie normale.

Holy Spider est un excellent film de thriller qui montre une société sous l’emprise du patriarcat avec une juste subtilité. C’est une œuvre qui brille par son casting, notamment ses deux personnages principaux. Un must, à voir absolument.  

Moonage Daydream de Brett Morgen

Epileptique, et fascinant. Deux adjectifs pour qualifier ce documentaire hors du commun. Le réalisateur Brett Morgen décide de s’attaquer à un monument du rock : David Bowie. Avec le soutien et la complicité de la famille et des proches de l’artiste, le réalisateur a eu accès à plus de 5 millions d’archives, dont de rares dessins, enregistrements et carnets, ce qui lui a valu 4 ans de travail, plus 18 mois sur le son, l’animation et la couleur [1].

Contrairement aux documentaires dits “classiques”, Moonage Daydream ne porte pas sur la vie de David Bowie avec une narration linéaire de l’enfance à l’âge adulte mais sur David Bowie lui-même, sa philosophie, son œuvre musicale mais également artistique. Car Bowie, en plus d’être un chanteur, était également sculpteur, peintre, écrivain et acteur.

Le.la spectateur.rice vit une expérience à la fois visuelle et onirique. Comme attendu, la musique du chanteur est partout dans l’œuvre mais c’est surtout la voix du chanteur qui nous immerge dans son monde abordant sa philosophie et son style de vie. L’art, l’amour, la sexualité, la religion, la solitude, le processus d’écriture et de partition… telles sont les thématiques que le chanteur aborde.

L’objectif du film de Morgen est au final de découvrir les coulisses du monde de Bowie, son univers où il est le seul maître. L’important n’est pas de tout retenir ce dont le documentaire nous transmet car, en 2 heures et 15 minutes, il y a beaucoup d’informations à digérer, mais plutôt de savoir que Bowie était un artiste complet qui, tout au long de sa vie, n’a pas arrêté de créer de l’art sous toutes ses formes. Cet art se dévoile à travers l’expérience visuelle que nous offre le documentaire.

David Bowie était d’abord connu pour sa contribution au rock et pour son look glamour et unique dans l’histoire de la musique ayant influencé beaucoup de musicien.ne.s. Visuellement, c’est un des documentaires les plus épileptiques jamais réalisés. Toutes les couleurs sont dynamiques et se conforment au style glamour de l’artiste avec un montage très rythmé, montrant par moments des successions d’images (des extraits de films, des clips vidéo de Bowie ou encore celui-ci sur scène), puis des moments de pause avec des images plus calmes et plus introspectives, où la voix de Bowie nous guide dans son monde.

En conclusion, Moonage Daydream est un documentaire exceptionnel sur l’un des artistes les plus influents de sa génération. On a tendance à penser que les documentaires sont mieux sur un petit écran. Cependant, celui-ci déroge à cette règle de par l’expérience visuelle assez unique pour ce type de production.    

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