La fin du rêve d’Etats-Unis d’Europe

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Je suis Européiste. J’entends par là que bien qu’amoureux de la France, je suis réaliste quant à son poids sur la scène internationale, face à la Chine, l’Inde, ou les États-Unis. A nos frontières se trouvent des nations avec lesquelles nous partageons des valeurs et une Histoire commune. Si nous devons présenter un front uni face au reste du monde, c’est avec eux que j’aimerais marcher.

Les pères fondateurs de la construction européenne avaient rêvé d’une grande Europe Fédérale. J’aime ce rêve, mais je le crains dépassé. Tel un cadavre dans les placards mieux vaut peut-être s’en débarrasser afin de laisser place à de nouvelles approches plus réalistes, telle que l’Europe des cercles.

Les raisons de cet enterrement sont à trouver dans les grandes disparités du territoire européen, en termes de développement économique et de niveaux de vie. Les politiques d’intégration qui découlaient, nécessairement, d’un rapprochement, n’ont jamais bénéficié d’un financement suffisant. Elles n’ont également pas survécu aux élargissements successifs. Non pas qu’ils aient été mauvais en soi, mais à budget égal on fait moins bien à 28 qu’à 12.

Pourtant l’Union est là et continue à se faire. Les avancées ne concernent cependant plus l’intégralité de ses membres, mais plusieurs petit groupes. A l’instar de la zone Euro ou de la future Union Bancaire, il est temps d’accepter une Union Européenne à plusieurs vitesses, que d’aucun appelle Union à la carte, mais qu’il semble préférable de qualifier d’Europe des cercles.

Ces cercles peuvent être vus comme étant concentriques, chacun correspondant à un degré d’intégration différent. Un premier cercle comprendrait les pays ayant décidé de procéder à une intégration politique (par coopération renforcée ou par traité). Le deuxième cercle regrouperait le premier ainsi que les pays désireux simplement d’une intégration économique. Enfin arrive un troisième cercle comprenant les pays membres (et non membres) souhaitant une intégration minimale et se contentant d’une coopération intergouvernementale sur certaines thématiques spécifiques.

Ce type d’organisation répond aux attentes à la fois techniques et politiques. Si une politique économique commune est souhaitable au niveau des 28, elle est indispensable pour l’Euro-zone. Si la question fiscale implique une intégration politique, d’autres domaines comme Erasmus peuvent se limiter à de l’intergouvernemental. Elle pointe cependant du doigt le fait que nos institutions actuelles sont inadaptées, et questionne leur évolution. Faudra-t-il aller vers des commissions et parlements spécifiques à chaque cercle ? Elle reste également dans une vision presque messianique, les pays des cercles extérieurs étant invités à terme à rejoindre le cercle intégré.

Ainsi une autre vision non concentrique permet l’existence de plusieurs cercles intégrés pouvant se recouper. Si le cercle des membres fondateurs est clairement identifiable, pensons également aux pays nordique et à l’Europe de l’Est structurée autour de leurs échanges avec l’Allemagne, ou ceux de l’ex Yougoslavie autour des échanges avec la Turquie. Une “Europe des europes” pourrait-on dire.

Le manque d’efficience et la lenteur de l’intergouvernementalisme font de la construction européenne un processus laborieux et long. Si l’Union fédérale est morte, le rêve européen perdure et se transforme.

L’Union est morte, vive l’Union.

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