L’Escalade fait son grand retour en ville de Genève

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Il y a un an, Genève faisait le deuil de son événement phare et des festivités qui l’accompagnent. Rappelez-vous : l’année dernière, Genevois et Genevoises ont été privé.e.s du week-end de l’Escalade en période de confinement.

En temps normal, ce dernier ne passe pas inaperçu. Si vous l’avez oublié, le 12 décembre, la ville entière vous le rappellera : enfants et adolescent.e.s sont déguisé.e.s à l’école et aux portes des maisons, l’odeur de vin chaud embaume la ville, des costumes d’époque – à savoir du 17e siècle – déambulent dans les rues. C’est dans une atmosphère ancienne et divertissante que ce week-end réchauffe le cœur des Genevois.e.s. « Les chants, l’odeur de la soupe, de la fumée, des torches, du vin chaud : le plus important ce sont ces petites choses qu’on retrouve chaque année, comme des petites madeleines. » déclare Marianne*, membre de la Compagnie de 1602 depuis qu’elle est enfant : « L’année dernière, le week-end de l’Escalade était vraiment triste. Je me souviens m’être baladée en ville et c’était un peu déprimant de se dire que normalement tout est vivant et qu’on se fiche du froid. Là, c’était juste gris… »

La marmite en chocolat remplie de légumes en massepain et le traditionnel « Ainsi périssent les ennemis de la République » ont néanmoins survécu l’année dernière malgré la pandémie, consolant un peu le manque d’une fête annuelle, et ce malgré le froid, la pluie, la neige : rien n’empêche les Genevois.e.s de fêter dignement cet anniversaire de la plus haute importance… hormis une pandémie mondiale.

Pour Alberto, 20 ans, membre de la Compagnie de 1602 depuis une dizaine d’années, avoir renoncé aux festivités il y a un an a créé un manque : « C’était dommage, mais pas une surprise, puisque tout était annulé. J’avais quand même le sentiment qu’il manquait une étape avant Noël : on ne revoyait pas certaines personnes et la ville n’était pas en fête… »

Cette année, le week-end du 10 au 12 décembre 2021, Genevoises et Genevois s’apprêtent à retrouver en guise d’ouverture des festivités l’hommage aux victimes, départ aux canons et passage par la rue de la Corraterie. Mais l’incontournable cortège a lieu le dimanche en soirée, lorsque la Compagnie de 1602 traverse la ville en costumes d’époque, avec fanfare et torches : on y voit passer des hallebardiers, des arquebusiers, des cavaliers et des personnages historiques comme la Mère Royaume [1], Dame Piaget [2] ou encore Isaac Mercier [3]. « Le dimanche reste pour moi le moment le plus important, même si le samedi garde une grosse place dans mon coeur avec les activités organisées. » confie Alberto.

Le cortège historique passe habituellement par la place du Bourg-de-Four, le Molard, Coutance, la rue de la Corraterie, où il s’arrête pour des proclamations avant de monter en Vieille-Ville, puis se terminer sur le parvis de la cathédrale St-Pierre, où attendent impatiemment les étudiant.e.s qui s’apprêtent à danser le Picoulet autour du feu. La proclamation finale a lieu devant la cathédrale.

Cette année, le programme a changé : le défilé sera écourté et l’itinéraire modifié en contournant la Vieille-Ville sans toutes les proclamations ni feu de joie, une version un peu express selon Marianne : « Je me demande ce que ça va donner mais au moins l’événement a lieu ; ça n’a pas dû être facile de trouver un compromis. Estimons-nous heureux.ses ! » Certains détails sont encore flous et à déterminer, même au sein de la Compagnie de 1602 : pour Alberto, « le plus ennuyeux, c’est qu’on est dans l’incertitude en permanence. Et pour nous, les membres, c’est difficile de s’organiser. »

La Compagnie de 1602 a néanmoins confirmé le 9 novembre [4] la tenue de la plupart des animations et nous réserve un événement attendu depuis non pas un, mais deux ans. Comme probablement une grande majorité des Genevois.e.s adeptes de la fête de l’Escalade, Marianne se réjouit de retrouver cet événement, malgré les adaptations liées à la situation sanitaire : « Personne ne sait vraiment pourquoi, mais on est content.e.s d’être là, de prendre possession de la ville malgré l’hiver et de casser une marmite, ce quelque chose qui nous lie toutes et tous. Finalement, je ne suis pas sûre que le grand cortège soit l’événement le plus marquant pour les gens : je dirais plutôt que c’est l’ambiance générale. »

Genevoises et Genevois, rendez-vous en Vielle-Ville le soir du vendredi 10 décembre à l’occasion de l’ouverture des festivités pour voir se raviver le souvenir de la République de Genève et de ses habitant.e.s.

*Le nom a été modifié

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