La Fête du Théâtre sous le prisme de l’imaginaire et de l’intangible

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Depuis 2013, la Fête du Théâtre réunit pendant un week-end plusieurs institutions genevoises. Le programme est diversifié et pensé comme une entremise entre le public et les arts de la scène. Les activités sont gratuites et permettent d’accompagner une audience habituée, ou non, aux différentes scènes artistiques. Entre le 9 et le 11 octobre 2020, nous avons eu l’opportunité de découvrir deux spectacles qui délogent la scène et la pensée hors des murs. [1]

Image 1: Palimpset par Nicole Seiler

La danse rejoint le cadre de l’audiodescription avec Palimpsest créée par Nicole Seiler. Aucune inscription n’est nécessaire, seul outil requis : un smartphone. En téléchargeant l’application Palimpsest et après avoir autorisé la géolocalisation, le public s’engage dans ce nouveau parcours sonore. Le point d’écoute se trouve à la place Béla-Bartok, en face des marches qui mènent à la Maison des Arts du Grütli. Pendant treize minutes, les écouteurs aux oreilles et le téléphone à la main, l’audience assiste à la mise en place d’une scène éphémère.

La narration guide l’imagination du spectateur.ice en se substituant à la vue. Durant ces quelques minutes, le perron du Grütli devient une estrade sur laquelle apparait une femme en demi-pointe, les mains rassemblées en sphère. La danseuse conduit le public à l’intérieur de la Maison des Arts en passant par le vestibule et les différents studios de danse. Le discours décrit avec précision l’environnement et apostrophe régulièrement le spectateur.ice. La pièce sonore progresse et la distance entre le réel et l’imaginaire se réduit. Les mouvements sont accompagnés de musique qui contraste avec le bruit environnant dans lequel évolue le public. À la fin de la pièce, l’interprète nous accompagne près de l’entrée principale, Rue du Général-Dufour. Elle agite la main en signe d’adieu. La création de Nicole Seiler bouleverse l’organisation scénique en proposant au public une place active : l’imagination se mêle à l’aspect tangible des espaces. Cette immersion a été pensée dans le cadre de la Fête du Théâtre, mais différentes pièces sonores sont disponibles pour les villes de Lausanne, Nyon, Zug ou encore Sierre. L’application offre la possibilité aux spectateur.ice.s de découvrir ou redécouvrir des lieux par la danse et l’écriture.

Image 2: L’invisible Chemin de Sarah Marcuse

Après avoir interrogé le potentiel de l’imagination par la narration, la programmation de la Fête du Théâtre questionne le rapport à l’intangible. Au Théâtre Pitoëff, les perceptions extra-sensorielles s’incarnent chez les comédien.ne.s de L’invisible chemin de Sarah Marcuse.La créatrice écrit et met en scène des figures dont les caractéristiques éveillent, bien souvent, la curiosité. Archibald voit sa défunte mère ; Papillon atteint un autre niveau de conscience ; un regard suffit à Scan pour identifier les problèmes physiques qui composent la vie d’un individu. Ces trois personnages explorent des sujets qui deviennent tabous par leur manque de justifications scientifiques. La pièce encourage l’audience à repenser l’origine des idées et des conceptions qui impacte parfois le rapport à l’Autre et à la différence.

L’invisible chemin est le point d’embranchement par lequel se construit le Samadhi Project, un évènement culturel qui lie le domaine théâtral aux sciences. Des conférences et des ateliers abordent la thématique de la conscience sous différents aspects : l’état de transe, l’hypnose ou encore la médiumnité. Les discussions sont menées par des expert.e.s en neuroscience, des philosophes et des pédagogues. Le projet souhaite éveiller l’esprit critique de l’audience sur des thématiques qui mettent au défi le désir de rationalité.[2]

Les spectacles ne composent qu’une partie des activités de la Fête du Théâtre. Une visite de la Comédie de Genève est proposée ainsi que l’accès à une répétition publique au Théâtre du Loup. Un atelier permet aux plus audacieux de monter sur scène avec Marc-André Muller, au Théâtre de Carouge. Une rencontre est organisée au parc de la Grange avec Philippe Macasdar autour du texte d’Antonin Artaud, le théâtre et la peste. Le programme est varié et il permet de réunir chaque année au mois d’octobre, une audience curieuse d’investir la scène différemment.

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