Il y a quelques semaines, le 27 avril, TOPO vous faisait un récapitulatif du match de questions-réponses se jouant entre la CUAE et le rectorat.
A lire à ce propos notre article du 27 avril : Session d’examens 2020 : au cœur du match entre la CUAE et le rectorat
La partie est loin d’être terminée. En effet, après les réponses du rectorat aux questions de la CUAE lors de l’Assemblée Universitaire [1], le syndicat étudiant ne décolère pas. Le 24 avril, il avait lancé un appel national via le réseau romand Action Éducation regroupant plusieurs associations et syndicats étudiants, accompagné d’une pétition demandant tout un train de garanties durant la crise du coronavirus [2]. Cet appel était accompagné d’un avertissement « Sans l’obtention des garanties ci-dessus, partout et pour tout le monde, nous prendrons les mesures qui s’imposent pour faire entendre notre voix. [3] » Ce fut chose faite le 1er mai dernier. Hugo Molineaux, secrétaire permanent à la CUAE nous explique : « depuis le début de la crise, on est dépité car on voit qu’on ne peut pas communiquer avec le rectorat, nous ne sommes pas inclus dans les réunions, on ne peut que transmettre nos idées par mail. On s’est retrouvés face à un mur alors on a voulu l’interpeller différemment ». C’est comme ça que la CUAE, en collaboration avec d’autres Action Éducation organise l’action du 1er mai. Les syndicats étudiants des universités de Neuchâtel et Lausanne partageaient les doléances de la faîtière genevoise. En plus des mesures prises par les instances dirigeantes, ce qui est dénoncé est le manque d’horizontalité dans la prise de décision.
La date de l’action, la journée des luttes pour les droits des travailleur.se.s, n’est évidemment pas choisie au hasard : « on voulait attendre que le 30 avril soit passé comme ça tout le monde avait rendu les modalités d’examen. Mais ça tombait bien que ce soit le 1er mai car les étudiants sont de futurs travailleurs et on dénonce une précarité qui ne s’arrête pas après les études et qui s’inscrit dans le monde du travail. » explique Hugo Molineaux.
« Examens maintenus, à quel prix ? »
Le 1er mai, la CUAE lance son action. Le but ? Interpeller visuellement le rectorat et démarrer une campagne de témoignages. Mesures de distanciation sociale oblige, le syndicat a dû innover dans sa manière de protester. La CUAE a donc confectionné deux banderoles sur lesquelles il était inscrit « Examens maintenus, à quel prix ? » et « Validation de tous les crédits » et voulait les accrocher sur le bâtiment Uni-Dufour et les laisser pour la journée. Ce qui ne fut pas du goût de tout le monde car la police a été appelée, a relevé l’identité des manifestant.e.s et les a empêché.es de laisser leurs pancartes. En fin de journée, deux vidéos [4] sortaient sur les réseaux sociaux des syndicats, relatant la mobilisation de la journée. Là encore, la CUAE ne pèse pas ses mots et continue d’interpeller le rectorat qui « a pris sa décision seul dans sa tour d’ivoire » : « nous avons créé un réseau national pour défendre les intérêts des étudiantEs. Car après tous nos efforts pour nous faire entendre, le rectorat ne fait rien d’autre que de vider de leur sens les mots égalité et bienveillance (…) Monsieur le Recteur, jusqu’où irez-vous ? Détruirez-vous nos vies pour votre place dans les rankings ?» [5] . Outre cette protestation forte, la CUAE lance également une campagne de témoignage dont le but est « de faire mentir le discours clamant que tout se passe bien et que l’enseignement en ligne convient à tout le monde » dénonce Hugo Molineaux. A Uni-Dufour sont accrochés des extraits de cette campagne, dénonçant la difficulté des conditions de vie de certain.e.s étudiant.e.s. On y lit par exemple : « J’ai été appelé à la PCI jusqu’à la fin mai. Je travaille les nuits dans un EMS. Dois-je choisir entre dormir et réviser pour mes examens ? ». La campagne continue et un site internet a été créé pour recueillir les témoignages : https://etudiantexsconfineexs.ch/.
Pour l’heure, le rectorat n’a pas réagi à cette interpellation. Du côté du réseau romand Action Éducation, le match n’est pas encore fini puisque la prochaine étape a déjà été décidée lors d’une réunion. Prochainement, toutes les associations signataires de l’appel vont écrire une lettre avec leurs revendications communes adressées à swissuniversities, l’organisation faîtière des hautes écoles suisses.
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