Session d’examens 2020 : au cœur du match entre la CUAE et le rectorat

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La nouvelle tombait le 13 mars dernier : dorénavant, tous les enseignements de l’UNIGE seraient dispensés à distance [1]. Et ce, jusqu’à la fin du semestre de printemps 2020. Dans un email envoyé à toute la communauté estudiantine, le Recteur Yves Flückiger détaillait les raisons de ce choix et expliquait que « cette crise est pour nous toutes et tous l’occasion d’activer nos facultés d’autonomie et de créativité, la conscience de notre responsabilité et notre esprit de solidarité. » Dès lors, un certain nombre de questions se posaient, mettant les étudiant.e.s dans le doute face à cette situation inédite et sans précédent. Comment suivre efficacement les cours à distance ? Comment réaliser les travaux de groupe ? Et puis, préoccupation omniprésente dans la tête des étudiant.e.s : comment vont se dérouler les examens ? [2]

L’association faîtière et syndicat des étudiants de Genève, la Conférence Universitaire des Associations d’EtudiantEs (CUAE), s’est emparée du sujet. Déjà le 13 mars, après avoir pris connaissance des mesures annoncées par le rectorat, elle publie dans un communiqué un certain nombre de revendications pour défendre les intérêts des étudiant.e.s. Notamment un accompagnement élargi pour les étudiant.e.s de la part des enseignant.e.s ainsi qu’un allégement du programme et des discussions sur les suites des cursus de certain.e.s. Mais surtout, la CUAE s’inquiète de deux éléments qui deviendront centraux dans les semaines à venir : les modalités d’examen ainsi que le risque d’une augmentation de la précarité étudiante. Concernant les examens, elle demande le maintien de ces derniers pour permettre aux personnes terminant leur cursus de poursuivre leur parcours mais en baissant le barème et la difficulté et que le nombre de tentatives soit augmenté. Concernant la précarité étudiante, le syndicat fait part de sa crainte pour les étudiant.e.s les plus démuni.e.s. En effet, les offres d’emploi diminuent drastiquement et déjà à la mi-mars il était connu que la crise aurait des conséquences terribles sur les entreprises, et par conséquent, sur les emplois des étudiant.e.s. Ces dernier.ère.s travaillant le plus souvent à l’heure et/ou sur appel, leurs contrats sont souvent précaires. La CUAE demande alors tout un train de mesures pour les étudiant.e.s qui subiront les conséquences économiques de cette crise.

Annonces officielles

Le 18 mars, par email, le rectorat annonce qu’il communiquera sur le cadre général des examens le 25 mars. Anticipant les décisions qui seraient prises, la CUAE communique à nouveau ses revendications concernant les examens [3]. Elle appelle à ce que les examens soient maintenus mais que les enseignements et les crédits y étant liés soient validés. Consciente du fait que certain.e.s ne peuvent pas suivre efficacement les cours pour plusieurs raisons – engagement solidaire, protection civile, manque de moyens à domicile notamment – et ne peuvent par conséquent pas acquérir les compétences liées à leur cursus, le syndicat demande également le droit pour chaque étudiant.e de « prolonger volontairement son cursus, de manière automatique et sans conséquence financière ». A ce moment, on n’en est qu’à l’échauffement du match qui se prépare.

Comme prévu, le 25 mars, via une directive et un communiqué [4] par email, le rectorat annonce ses décisions quant aux examens. Les sessions de mai-juin et août-septembre sont maintenues, les examens échoués ne seront pas comptabilisés comme une tentative, les étudiant.e.s ne se présentant pas à un examen seront automatiquement excusé.e.s. En outre, les étudiant.e.s mobilisé.e.s à l’hôpital, la protection civile ou l’armée bénéficieront d’un congé pour le semestre en cours. De même pour celles et ceux en faisant la demande.

Réactions

La solution trouvée par l’UNIGE ne convainc pas. Le lendemain de l’annonce du rectorat, la CUAE réagit en publiant un communiqué[5] au titre sans équivoque : « Coup de gueule à propos des examens ». Le match commence. Selon le syndicat « les intentions sont louables » mais « la méthode, elle, questionne ». Alors dans cette solution dont l’université est si fière, qu’est-ce qui pose problème aux yeux de la CUAE ? La verticalité de la prise de décision déjà : « Le canal de la décision ? Une directive du Rectorat. La consultation étudiante ? Inexistante. Pas une seule personne membre du corps étudiant n’a participé, de près ou de loin, aux réunions décisionnelles.» Ensuite, la vitesse de la transition entre la période « normale » et la période « de confinement » : « Peut-être eut-il été judicieux de ne pas contraindre la machine à continuer sur son rythme (en s’en félicitant après coup) mais de plutôt tenir pleinement compte d’un mal-être du corps étudiant et du corps intermédiaire déjà dénoncé en temps de non-crise ».

Quelques jours plus tard et malgré l’annonce du rectorat d’un plan financier de soutien aux étudiant.e.s [6], la CUAE réitère son mécontentement en lançant une pétition [7] demandant de repenser une solution pour les examens. La solution proposée par le Rectorat n’est pas égalitaire aux yeux du syndicat. A l’heure où ces lignes sont écrites (25 avril), la pétition lancée a déjà récolté plus de 3’000 signatures.

Début avril a lieu l’Assemblée de l’Université. C’est l’occasion pour la CUAE de poser toute une série de questions directement au rectorat. Les réponses arrivent le 22 avril et ne convainquent toujours par le syndicat. Le mécontentement de la CUAE est publié dans un communiqué [8] du 22 avril et à nouveau, le ton est sans équivoque : « Si le rectorat s’obstine donc à maintenir sa position intenable et sans ouverture de dialogue pour trouver des solutions aux problèmes que ses décisions engendrent, les étudiant.e.x.s trouveront d’autres manières de lui faire prendre conscience de la nécessité de revoir cette position ». Et pour passer des paroles aux actes, le 24 avril, un appel national [9] est lancé par l’association Action Education, dont la CUAE est membre. Il demande des garanties de validation des crédits, des garanties financières, des garanties de ne pas subir de conséquences en termes de durée de formation et pour finir, des garanties que l’engagement étudiant dans la crise soit récompensé et reconnu. Affaire à suivre donc.

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