Avortement : la liberté de choisir en péril ?

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Ces dernières années, nous assistons à un recul des droits des femmes, notamment en ce qui concerne leur accession à l’avortement[1]. Certes, l’Irlande du Nord l’a légalisé en mai 2018[2] et l’Australie en octobre 2019[3], mais ces deux cas restent des exceptions dans le paysage mondial du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

En effet, sur le reste de la scène internationale, les mouvements anti-avortement ont repris un nouveau souffle dans le courant de l’année 2019. De nombreux pays ont durci leur législation sur le droit à l’IVG : en mai 2019, 28 des 50 états américains ont adopté des normes restrictives sur le droit à l’avortement[4], actes galvanisés par la politique anti-IVG menée par Donald Trump[5]. En Argentine, où le débat sur le droit à l’IVG est constamment ramené sur le devant de la scène, l’avortement n’est toujours pas légalisé, malgré l’accession au pouvoir du candidat de centre gauche Alberto Fernandez, bien que ce dernier ait annoncé récemment vouloir proposer un projet de loi[6],[7]. Dans le reste du monde, 21 pays interdisent encore totalement l’IVG[8].

Manifestation pour le droit à l’IVG en Argentine

La situation se trouve être relativement plus stable en Europe, où de nombreux états autorisent l’IVG et vont même jusqu’à le rembourser à l’aide de la sécurité sociale[9]. Cependant, il reste des exceptions, comme la Pologne ou Malte, qui l’interdisent ou le limitent à des cas exceptionnels, comme le viol ou l’inceste[10]. En Hongrie, l’accès à l’avortement est rendu difficile, le gouvernement pratiquant une politique nataliste[11].

Cependant, si l’avortement est bien légalisé dans de nombreux pays européens, certains médecins invoquent leur clause de conscience afin de pouvoir refuser de pratiquer des IVG. Ceci est notamment le cas en Italie, où 70% des médecins refusent de pratiquer l’avortement, un taux pouvant atteindre 95% dans certaines régions du sud du pays[12]. De ce fait, l’encadrement et la sécurité de l’avortement médicalisé sont en péril : les femmes n’ayant pas les moyens de se rendre à l’étranger ont généralement recours à des techniques dangereuses et rétrogrades afin de pouvoir avorter. En outre, les mouvements anti-IVG, organisant régulièrement des activités et des conférences pour diffuser leur combat, participent également à la remise en question continuelle du droit à l’avortement[13].

En France, une femme sur trois aura recours à un avortement au moins une fois au cours de sa vie[14]. A l’approche du 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, il est donc crucial de rappeler que les droits pour lesquels les femmes se battent depuis des dizaines d’années continuent à être constamment remis en question. Pour les défenseurs de l’IVG, il s’agira premièrement de franchir l’obstacle de la légalisation, puis de rendre ce droit réalisable dans les Etats l’ayant institutionnalisé.

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