Uni-Dufour un soir d’automne. Il commence à faire frais et les journées sont de plus en plus courtes. La grande nouvelle de cette rentrée automnale est l’augmentation des frais d’inscription à l’Unige. Et ce, pour toute nouvelle immatriculation dès janvier 2017, avec un paiement de 50 francs pour ceux ayant un diplôme à « accès direct », maturité ou diplôme universitaire suisse, et 150 francs pour tous les autres. Émolument administratif pour les uns, taxe maquillée pour certains, les avis divergent et s’opposent. Mais quelles sont les raisons invoquées par le rectorat pour expliquer une augmentation si subite ? Et quelles sont les positions des différents acteurs touchés par cette mesure ? Rencontre avec le rectorat et les étudiants de l’assemblée de l’université.
Pour le rectorat, bien qu’il s’agisse d’une augmentation de frais d’études, ce n’est pas pour autant une augmentation maquillée des taxes universitaires. Il ne s’agit que d’un émolument pour l’immatriculation à l’université de Genève. Il considère cela comme une mesure visant à couvrir les frais administratifs générés lors du traitement des dossiers d’admission. En effet, le service des admissions a de plus en plus de dossiers à traiter et le coût administratif de cette opération est estimé actuellement à 1 million de francs. Charge attribuée en grande partie au nombre important de dossiers incomplets par année – entre 60 et 80% des dossiers d’immatriculation -, ce qui alourdit l’administration et génère des frais supplémentaires. Jusqu’à présent, ces frais étaient couverts par le budget général de l’université.
Ainsi, l’objectif d’une telle mesure est double pour le rectorat. D’une part, elle cherche à inciter les étudiants à rendre des dossiers complets – diminuant par conséquent le nombre d’heures consacrées à chaque dossier – et d’autre part, à débloquer des fonds qui étaient alloués à couvrir ces frais administratifs, pour pouvoir les utiliser dans d’autres domaines de l’université tout en améliorant le traitement des dossiers. La mise en place d’une telle mesure permettrait de couvrir 60% des frais administratifs, libérant ainsi 600’000 francs du budget général de l’université. Le rectorat insiste sur ce dernier point. Il ne s’agit pas de générer plus d’argent en vue d’engager que du personnel supplémentaire pour gérer les inscriptions, mais de libérer 600’000 francs du budget général, qui était attribué au service des admissions. Cette somme libérée pourrait alors être utilisée en partie par le service des immatriculations mais aussi redistribuée dans d’autres domaines destinés aux étudiants.
Pour les étudiants de l’assemblée de l’université, la lourdeur administrative ne peut pas être attribuée qu’aux 60 à 80% des dossiers incomplets. Ce sont des pourcentages beaucoup trop élevés pour que la responsabilité en soit attribuée aux seuls étudiants. Ils considèrent qu’il y a déjà un problème à la base, au niveau du système d’admissions. De ce fait, l’université est également responsable de la lourdeur administrative et des frais supplémentaires générés. En effet, l’accessibilité au service est difficile – longues attentes téléphonique, système informatique alambiqué et informations spécifiques difficilement trouvables. La bureaucratie est trop lourde également, ce qui tend à ralentir la communication concernant les dossiers (par exemple, connaître ce qu’il manque ou s’il est simplement complet). De même, il y a des cas où les dossiers sont considérés comme incomplets alors que tout ce qui était demandé était fourni. D’autre part pour les étudiants de l’assemblée de l’université, il peut exister d’autres mesures afin de couvrir les frais administratifs, avant de mettre en place cette augmentation des prix. Une telle augmentation des frais administratifs ne devrait être considérée qu’en dernier recours et non pas en premier comme cela semble être le cas. Il faudrait donc explorer d’autres pistes avant de mettre en place cette mesure.
Concernant la différence de frais selon la nature du diplôme accompagnant le dossier, le rectorat ne considère pas qu’il s’agisse d’une mesure discriminante. La différence des prix s’explique par la différence de lourdeur de dossier. Les dossiers avec un diplôme donnant accès direct – maturité suisse, diplôme de haute école avec examen de passerelle et autres diplômes universitaires suisses – nécessitent moins d’attention et de temps de travail que les autres types de dossiers. Sur la base d’un calcul, il a été estimé qu’un dossier avec diplôme donnant accès direct coutait 50 francs tandis que les autres types de dossiers coutaient 150 francs. Par conséquent, il estime appliquer des prix adaptés à la charge de travail. D’ailleurs, ces frais administratifs ne sont pas considérés comme une barrière limitant l’accès aux études supérieures. En comparaison au reste de la Suisse, Genève reste l’une des universités les moins chères.
Toutefois les étudiants de l’assemblée de l’université estiment que ces nouveaux frais peuvent être une barrière conséquente. L’augmentation reste élevée, en particulier pour les étudiants étrangers qui doivent la coupler à un franc fort et à une vie particulièrement chère à Genève. Étalée sur l’ensemble d’un cursus – bachelor et master -, il s’agit d’une augmentation de 30 francs de frais par année. Cette somme peut faire la différence dans la validation d’un dossier pour pouvoir étudier en Suisse. D’autre part, pour les étudiants en situation précaire et détenant un type de diplôme ne donnant pas accès direct, il s’agit tout de même d’une somme plus importante et non remboursée, alors qu’actuellement les frais administratifs sont inclus dans la taxe universitaire du premier semestre en tant qu’étudiant à l’Unige. Par ailleurs, ils estiment qu’une partie de l’attractivité de l’université de Genève réside justement dans ses prix accessibles – frais d’inscriptions nulles et taxes très basses.
En somme, le rectorat admet que l’université a des améliorations à faire en termes de communication et de clarification dans le processus d’immatriculation. D’ailleurs, il est en train de faire un bilan pour pouvoir mettre en place les solutions adéquates. Il se défend de faire toute sorte de stratégie maquillée pour augmenter les taxes. De l’autre côté, les étudiants de l’assemblée de l’université considèrent que cette mesure devrait être en dernier recours et non pas en premier. Ils sont d’ailleurs disposés à proposer leur aide au rectorat en vue de trouver des solutions alternatives. La question est de voir maintenant ce qui va se passer.
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