Hugo Chavez, une bataille pour la vie #2

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Nous avons dans un premier temps dressé le bilan des acquis de la révolution bolivarienne, il est maintenant question de présenter les critiques faites au régime et d’évoquer les craintes liées quant à l’avenir du Venezuela.

Ombres au tableau et futur incertain

Penchons-nous tout d’abord sur les critiques internes du pays. Celles-ci ont été majoritairement adressées au régime et plus spécialement à Chavez de la part de l’opposition. Cette opposition étant constituée des classes moyennes et aisées qui sont « victimes » de la politique de Chavez. En effet, si l’amélioration des conditions de vie a touché les plus démunis[1], les avantages des privilégiés ont eux reculés. On touche donc ici au cœur du problème.

Cette élite qui détenait le contrôle des médias, y exerçant sans cesse des attaques à l’encontre du gouvernement Chavez, a vu cet instrument de propagande se faire censurer suite à la tentative de Coup d’Etat en 2002. Mesure que l’on peut fortement critiquer (au même titre que le rôle mensonger joué par les médias lors de ce Coup d’Etat avorté). Toutefois, encore aujourd’hui, la presse écrite nationale est majoritairement entre les mains de l’opposition, où les critiques y sont incessantes. On peut ainsi s’apercevoir que la liberté de contestation est bien présente au Venezuela et que la censure n’était qu’une mesure provisoire.

Comme contrepoids, Chavez s’est ainsi mué dans un rôle d’omniprésident en utilisant principalement l’audiovisuel afin de transmettre son message au peuple. Selon Reporters sans frontières (RSF), entre janvier et août 2012, les heures d’antenne de l’ex-président vénézuélien se sont chiffrées à 136 heures et vingt minutes[2]. Certains lui ont alors reproché de mettre en place un culte de la personnalité.

D’autre part on peut reprocher à Chavez d’avoir pris à son compte certains instruments démocratiques qu’il a lui-même mis en place (ex : la cour suprême), en nommant des personnes de son parti à la tête de ces institutions. De plus la réforme de la bureaucratie n’a pas aboutie et la corruption est fortement présente rongeant le système à petit feu.

« c’est bel et bien le raté sécuritaire qui est l’ombre majeure du bilan de Chavez »

Toutefois, c’est bel et bien le raté sécuritaire qui est l’ombre majeure du bilan de Chavez. En effet, après plus de dix ans de pouvoir, le fléau de la violence n’a pas été endigué. Au contraire, celui-ci s’est empiré au point que le Venezuela est aujourd’hui parmi les pays les moins surs du monde. Selon l’Observatoire vénézuélien de la violence (OVV) il y aurait eu plus de 18’850 morts durant l’année 2011, soit 52 décès par jour[3]. Les raisons de cette augmentation de la violence ne sont pas claires, mais force est de constater que le combat contre la délinquance n’était pas au cœur du programme bolivarien.

En ce qui concerne les critiques externes, c’est-à-dire celles qui sont liées à la politique étrangère du régime bolivarien, le tableau n’est pas tout rose. Hors de sa patrie, si le bilan concernant l’Amérique latine est plus que notoire[4], son soutien indéfectible à des régimes douteux lui a coûté une partie du soutien de la gauche internationale. Endossé par les lunettes d’anti-impérialiste, il a confondu certains ennemis de ses ennemis (Ahmadinejad et Bachar Al-Assad par exemples) avec de fervents révolutionnaires…

Certes certaines critiques sont légitimes, d’autres le sont moins. Qualifier Chavez de dictateur par exemple, reste une critique infondée au regard des nombreuses élections démocratiques remportées par celui-ci. Et lorsqu’il s’agit de peser les avancées sociales du pays, on se rend vite compte du combat de Chavez et de l’énorme travail accompli. Toutefois, il est clair que des zones d’ombres ont persisté dans ce régime, mais c’est sans mentionner toutes celles qui couvrent les pays de l’Occident !

Quel futur dans un avenir incertain ?

Chavez a réussi à faire souffler un vent d’espoir en Amérique latine. Après des décennies marquées par des dictatures et des gouvernements adoptant des politiques néo-libérales, il a été l’initiateur d’une croisade « anti-impérialiste » marquant un nouveau niveau de gouvernance à laquelle de nombreux chefs d’Etats latino-américains de gauche se sont joint. Ceux de la Bolivie, le Nicaragua, le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Equateur et Cuba pour ne citer qu’eux.

Aujourd’hui, avec la mort de Chavez, et ce jusqu’aux prochaines élections qui doivent se dérouler le 14 avril 2013, l’incertitude règne. Nicolas Maduro, ancien chauffeur de bus, syndicaliste et ministre des affaires étrangères de 2006 à 2012, a été chargé par Chavez d’assurer la gestion des affaires courantes. Maduro est connu pour sa modération, sa discrétion et son sens de la diplomatie, il sera donc l’adversaire du leader de l’opposition Henrique Capriles. Capriles lui est issu d’une famille riche, son programme prévoit de continuer les missiones, tout en développant un programme néo-libéral (des doutes persistent quant au financement des conquêtes sociales). Appuyé par les secteurs du pouvoir économique, il veut un retour du marché libre, avec une présence étatique très limitée, menant à une privatisation de la santé, de l’éducation et du logement notamment, à l’image des politiques néo-libérales en vogue.

Malgré un score très serré, les sondages prédisent une victoire de Maduro. En revanche, ce qui est certain, c’est que si Capriles gagne les élections, il sera obligé de répondre présent face aux revendications des pauvres. Cette prise de considération est clairement un héritage de Chavez, démontrant à quel point la cause des plus démunis a avancé ! C’est donc sur ce point que la Révolution bolivarienne a conquis sa plus grosse victoire.

Chavez, avec son engagement pour les plus défavorisés, la gloire et le développement social de l’Amérique latine, la défense des peuples opprimés à travers le monde, a démontré que l’espoir d’un monde plus égalitaire est possible et que cet avenir dépend de nous, de notre force à se mobiliser et à se faire entendre. C’est pourquoi il ne faut jamais baisser les bras.

Chavez a perdu son dernier combat, mais la bataille est lancée à vie.

Hasta siempre Comandante Hugo Chavez

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