L’école du Chômage

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Un spectre hante l’École, le spectre du chômage ! Jeunes gens tremblez à l’idée d’un chômage de longue durée. ». Présent presque dès la sortie du berceau, le chômage plane au-dessus de nous puis descend au fil du temps jusqu’à nous côtoyer. Quels sont les liens entre le chômage et les jeunes, entre le chômage et l’école et les études ? Parfois utilisé comme argument, d’autres fois comme menace, le chômage a de multiples facettes et évolue constamment…

Cela commence dès notre jeune âge quand ils nous disent « Travaille bien ! ». On nous convainc alors qu’un bon travail à l’école assure un bel avenir professionnel. Enfant, nous constatons que le fait de mal étudier entraîne de mauvais résultats pouvant mener à un échec scolaire. Dans cette même logique, nous faisons inconsciemment le lien entre le mauvais élève et l’adulte chômeur qui serait celui qui ne s’investit pas suffisamment pour réussir. Assimilant ainsi le chômage comme résultat d’un mauvais travail et ne dépendant absolument pas de l’économie actuelle.

Puis arrive l’adolescence où nous devons décider de notre orientation professionnelle. C’est alors que les remarques des adultes qui nous entourent fusent. Ceux-ci s’interrogent, bien plus que le jeune lui-même, sur les débouchés possibles de telle ou telle formation. Heureusement, face à ces réalités purement économiques, notre âge nous protège. La révolte et le désintérêt de notre jeunesse nous évitent de suivre leurs conseils, préférant suivre la volonté de notre cœur plutôt que celle de leurs raisons. De plus, nous restons persuadés, qu’il y a en toute logique suffisamment de travail pour tout le monde et que, quel que soit notre choix d’orientation, nous trouverons forcément un emploi, au terme de notre formation.

Et pourtant, le chômage touche déjà de nombreux jeunes. Je pense à tous ces jeunes  laissés sur le carreau pour faute de place en école ou en apprentissage, goûtant ainsi aux prémices des joies du modèle libéral à la sortie l’école obligatoire.

Quelques années plus tard, pour les jeunes intellectuels, à la maxime « Travaille bien ! », nous devons bientôt ‘ajouter  » Mais ne travaille pas trop ! « . L’amour du savoir peut nous amener au chômage. Regardez donc l’augmentation du chômage des universitaires en Europe. Certes, nous ne serons pas concrètement au chômage, mais engrangerons une quantité de petits jobs précaires ou sous-payés, n’ayant pas accès ou refusant de demander le chômage. De plus, continuer des études n’assure pas forcément un travail comme l’indiquait en mai 2012 l’OIT -Organisation Internationale du Travail. Ainsi la surqualification peut être un handicap ! D’une part le jeune fraîchement diplômé peut se voir recaler en raison de son accumulation de diplômes, d’autre part, le travailleur peut voir son salaire baisser parce que des personnes mieux diplômées postulent pour le même travail et le même salaire, augmentant de cette façon la pression sur les salariés.

Pour terminer, voici le nouveau mot d’ordre à l’intention de tous les écoliers : « Soyez flexible! ». Soyez mobile, vous changerez plusieurs fois de métier, la flexibilité – proche de l’employabilité – vous sauvera du chômage. Sous la menace du chômage (et des lobbys industriels) nous assistons à une profonde mutation des objectifs, des méthodes et des raisons de l’instruction publique. Car désormais l’école devra nous forger des compétences pour nous rendre flexibles et donc adaptables au marché.  L’OCDE affirmait en 1997 déjà que « La principale stratégie préventive (contre le chômage.)(…)consiste à ce que les jeunes acquièrent, à l’issue de leur scolarité, les compétences, les connaissances et les comportements qui font qu’un travailleur est productif et employable. ». Ils aimeraient qu’on les suive ? Alors, acquérons, amplifions, valorisons notre flexibilité. Pour être plus clair, améliorons notre employabilité. Nous serons ainsi sûrs de ne pas rester au chômage pour une trop longue durée. Oublions les savoirs, et développons nos compétences pour être adaptables au marché. Fini les connaissances, place aux compétences, au feu l’instruction et célébrons la formation ! Apprenons seulement des bases en calcul, lecture et langues étrangères puis améliorons notre utilisation de l’ordinateur le nouveau bras du travailleur moderne, acquérons la capacité d’apprendre à apprendre et, pour conclure, développons notre esprit d’entreprise ! Nous deviendrons ainsi parfaitement employables et éviterons le chômage.

Dommage ! Moi qui voulais du français et de la philosophie pour développer mon esprit critique, de la culture générale, pour comprendre comment se font et se défont les sociétés, enfin des connaissances sur le fonctionnement de l’économie, de la politique et de nos institutions. Or ces savoirs ne nous évitent pas d’être au chômage et pourtant ils permettent de critiquer et de dépasser l’économie actuelle qui est la véritable usine à chômage.

Bref, le chômage vu par un jeune ? Pour moi, on essaie de le mettre un peu partout. Sans se poser plus de questions, on nous menace, on nous contraint, on nous juge sous prétexte qu’il y a du chômage. On préfère influencer nos choix, dénigrer une partie de la population ou transformer nos écoles au lieu de s’attaquer à lui. Mais j’espère que viendra un beau jour ou peut être un grand soir où…

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