Novembre : l’enfer prolongé des attentats du Bataclan

Avatar de Webmaster de Topolitique

Ce 5 octobre est sorti le film Novembre mettant en lumière l’enquête policière acharnée et éprouvante qui a suivi les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, plus précisément au Bataclan, aux Terrasses et au Stade de France [1]. Le film ne se concentre que sur les cinq jours qui suivent les attentats, et même s’il est sorti en salles sept ans après le drame, tout comme le film Revoir Paris sur le même évènement, il a su attirer et charmer le public tout le long de ses 107 minutes.

Contre toute attente, Novembre ne présente pas ou presque pas l’évènement déclencheur historique. En aucun cas le film ne porte sur les fusillades et sur la tragédie des attentats. Il ne se concentre que sur un aspect : la recherche des terroristes responsables de l’attaque par la brigade anti-terrorisme française. On pourrait alors penser que le scénario tourne en rond, mais ce n’est jamais le cas. L’intrigue est dynamique et le rythme de l’action est soutenu : la tension règne et ne disparaît jamais, jusqu’à finir par exploser totalement (voire littéralement).

Ce rythme soutenu a été grandement dirigé par les choix de musiques de la réalisation. Dans n’importe quelle œuvre cinématographique, la composition de la bande-son est d’une importance non négligeable. Dans Novembre, la musique est assez discrète pour qu’elle ne prenne pas le dessus sur la scène, mais elle est assez remarquable pour imposer son rythme sur l’action. C’est ainsi que la bande-son, composée par Guillaume Roussel [1], entretient une tension constante : par une musique lourde sans être trop imposante, et par une sobriété plutôt stressante pour le public.

Le casting a également joué un rôle déterminant dans l’intensité certaine du long-métrage. Le jeu des acteur.rice.s Jean Dujardin et Anaïs Demoustier en vedette, mais également Sandrine Kimberlain et Jérémie Renier, sont à la fois crédibles et touchants, mais toujours forts et écrasants. On note surtout la performance remarquable de l’actrice Lyna Khoudri, qui joue le rôle de Samia Maktouf, témoin de l’affaire. L’actrice joue son rôle à la perfection : elle est attachante, puissante et on ressent parfaitement son désespoir à travers notre écran, ainsi que la situation éprouvante et dramatique dans laquelle elle se trouve.

Lyna Khoudri, interprète du rôle de Samia Maktouf

La force de Novembre, c’est aussi l’effet de surprise. Ce qu’on connaît des attentats du 13 novembre 2015 se résume aux fusillades, aux témoignages et aux coupables. Mais que savons-nous des coulisses de cette affaire ? Que savons-nous des enquêtes, des recherches, de l’angoisse ressentie par les défenseurs et défenseuses de la paix ? Ces derniers et dernières n’avaient qu’une pensée en tête durant la tragédie : protéger la population. Pourtant, cette brigade agit dans l’ombre, discrètement et le plus efficacement qu’elle le peut. Elle échoue maintes et maintes fois ; elle avance lentement, difficilement ; elle se bat pour trouver la vérité, mais la seule chose que l’on sait, c’est le point final : les terroristes ont été retrouvés, arrêtés ­– la vérité a éclaté, terminé. Ce que Novembre nous montre, c’est toute cette action cachée des forces de l’ordre, durant des journées longues et angoissantes, dans une tension absolue que l’on ressent à travers les écrans.

Néanmoins, le film n’est pas parfait. L’action est parfois romancée, peut manquer de réalisme, et les avis restent mitigés sur les points de vue abordés dans l’œuvre : ceux de la brigade anti-terrorisme.  La revue Les Fiches du Cinéma déclare : « faire à ce point des images pour ne rien dire n’est pas tellement plus digne [que l’obscénité] » [2]. Les critiques reprochent à Novembre de ne présenter le sujet que de manière unilatérale : via le regard et le vécu de la police. Les coupables et les pouvoirs politiques quant à eux, sont pratiquement négligés du scénario. [3].

Si le septième art en France était réputé pour sa variété il y a des décennies, on résume aujourd’hui le cinéma français principalement à ses comédies, ces dernières étant pour certain.e.s redondantes, avec des scénarios faibles et prévisibles [4]. Pourtant, il arrive que des réalisateur.trice.s proposent des films avec des développements originaux et des idées nouvelles – Novembre entre dans cette catégorie. Le long-métrage, classé dans le genre dramatique, a été accueilli au festival de Cannes de 2022 et reçu assez positivement par la critique [1], notamment pour le sujet qu’il traite : les attentats du 13 novembre, mais abordés sous un angle inédit. Ce dernier, celui de la brigade, est loin d’être le seul à prendre en compte, mais il a le mérite d’être nouveau. En effet, lorsque l’on pense normalement à ces attaques, la première chose qui nous vient à l’esprit est l’acte en lui-même et les victimes qu’il a causées. L’aspect juridique et policier lui, demeure souvent est une face cachée de l’évènement. Après avoir entendu une quantité conséquente de compliments sur ce long-métrage, avoir été intriguée, et l’avoir visionné, je rejoins mes interlocuteur.rice.s sur ces critiques : Novembre est une réussite !

Avatar de Webmaster de Topolitique

Laisser un commentaire