La vérité : le métafilm sur la vie d’actrice

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Dans La vérité, Catherine Deneuve incarne Fabienne, une actrice reconnue qui a privilégié sa carrière au détriment de sa fille, Lumir. Entre une fille scénariste et une mère actrice, comment faire pour ne pas mentir si l’on joue un rôle dans la vie ?

Les blessures sont encore ouvertes quand Lumir arrive chez Fabienne avec son mari et sa fille en l’honneur de la publication des mémoires de sa mère, sous le titre « La vérité ». Toutefois, rien ne semble avoir changé dans leur relation : Fabienne se montre désagréable, sans aucun intérêt pour sa fille, tout en rappelant de mauvais souvenirs pour elle. Le plus insupportable pour Lumir reste cependant l’hypocrisie de Fabienne dans son livre, dans lequel elle ment, invente, ou du moins fait le tri des épisodes de son existence. Le plus ironique reste pourtant qu’au même moment, Fabienne a accepté un nouveau rôle dans un film où elle y incarne elle-même une femme ayant souffert toute sa vie de l’absence maternelle.

La vérité est donc un film métacinématographique [1]. Avec une héroïne à la fois actrice, et mère au cœur de pierre, nous sommes emmené.e.s dans les coulisses d’un tournage bouleversant, car il reflète la vie des deux femmes quand elles s’évitent, se croisent, se repoussent, s’immiscent, puis se retrouvent. Puis un personnage inconnu survient : Sarah. Elle n’apparaît jamais, mais les personnages la mentionnent souvent… excepté dans les mémoires. Ferait-elle partie des personnes cachées, qui méritent qu’on rétablisse la vérité pour elles ?

« La poésie est indispensable au cinéma » déclare Fabienne dans le film. Pourtant, La vérité en manque. Du moins, il manque un travail sur l’esthétique. Malgré un scénario bien construit et réaliste, le côté artistique du cinéma ne transparaît même pas dans la double mise en scène voulue par le tournage dans le film. Néanmoins, la relation entre Fabienne et sa petite fille, qui la perçoit comme une « gentille sorcière », est touchante et donne une petite touche de tendresse par moments.

Le duo Deneuve-Binoche fonctionne bien : elles interprètent remarquablement deux femmes qui tentent de renouer après une trop longue séparation au bout de laquelle elles ne veulent plus jouer. Car peut-être, la prochaine fois, elles ne se reverront pas.

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