Les Eblouis : survivre aux dérives sectaires

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Les Eblouis est un film sur la vie d’une famille au sein d’une secte qui se dit catholique. Avec Camille Cottin et Jean-Pierre Darroussin, nous nous immergeons progressivement au milieu des extrémistes et des dérives de la communauté.

La famille Lourmel découvre la communauté de la Colombe à but caritatif et souhaite l’intégrer, afin de revenir à des valeurs religieuses. Mais pour cela, un premier interdit frappe Camille, l’aînée : elle doit arrêter son école de cirque, pourtant centrale dans sa vie, car le prêtre trouve que cette activité dégrade le corps, et qu’elle se moque de l’Eglise. Malgré la réticence de Camille, ses parents, convaincus, la désinscrivent. Leur vie devient pleinement consacrée à la communauté. Pourtant, les enfants, doivent affronter les moqueries des copains, le changement de tenue vestimentaire, et surtout l’isolement. Face à l’attitude bientôt irresponsable des parents, et à l’abandon d’eux-mêmes, Camille sent en elle le devoir de sauver sa famille, et refuse désormais de faire semblant. Seulement, au milieu de tous ces changements, la jeune fille perd le contrôle de la situation.

Le film permet de découvrir le milieu sectaire du point de vue des enfants qui y sont entraînés malgré eux, mais également celui des parents qui s’y sentent bien, ainsi que celui des grand-parents : ces derniers sont aussitôt diabolisés par leur opposition à la communauté. Dès lors, on tord les prières pour faire surgir des « choses atroces » du passé, on exorcise celui qui ose douter, on bêle pour appeler le berger, du moins le prêtre, et avant tout, on subit les châtiments.

Les Eblouis, pour ne pas dire les « illuminés », raconte une histoire vraie, celle de Sarah Succo, la réalisatrice, qui a connu ce milieu de gens endoctrinés [1]. Bien que le film ne mentionne pas cette référence, l’intensité des scènes et la justesse des personnages laisse transparaître la touche personnelle de Sarah Succo. Le film traite d’un sujet sensible et dur, mais il n’est pas tourné au tragique, n’insiste pas inutilement sur le côté dramatique de l’histoire, n’en fait pas trop et reste ainsi très juste. Malheureusement, c’est un film de plus qui perpétue l’image des chrétiens absolument soumis, qui se retrouvent perdus sans guide, et qui pose encore la question : qu’est-ce qui pousse des gens à entrer là-dedans ?

Les Eblouis est un film exceptionnel, qui révèle la jeune Céleste Brunnquell, véritablement éblouissante dans le rôle de Camille. Pour son premier film, elle parvient à nous faire lire dans ses yeux le choc, la terreur qui émanent de cette histoire terrifiante. Et il n’y a pas besoin d’être prêtre pour lui prédire une grande carrière.

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