« Avoir une Assemblée Internationale de la Jeunesse, c’est garantir que la jeunesse ait sa place à l’ONU »

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Une véritable place pour les jeunes à l’ONU ? Depuis début avril, la proposition fait son bonhomme de chemin sur les plateformes en ligne de l’UNIGE. Elle émane du groupe UN75 UNIGE, formé de quatre étudiant.e.s du Global Studies Institute. Pour Eva Leona, Jérôme, Nicolas et Thibault, il est temps que l’organisation internationale adopte une Charte de la Jeunesse et mette en place une Assemblée internationale de la Jeunesse. Nous les avons rencontré.e.s (par visioconférence) pour comprendre leur projet et le rôle que la communauté académique peut y jouer.

Quelles sont les origines du projet et de votre groupe ?

Le projet a été développé dans le cadre d’un cours de gestion de projets donné par le professeur Frédéric Esposito. Deux d’entre nous s’étaient lancé.e.s dans l’organisation d’un hackaton sur le thème de l’environnement, qui aurait eu lieu le 2 avril. Petit à petit, nous y avons ajouté un speed debating, planifié le 20 avril, qui devait réunir les différent.e.s membres des associations étudiantes. Cela nous aurait permis de sonder les opinions de la communauté estudiantine pour ensuite déposer un policy brief entre les mains du Secrétaire Général ou d’une autre personne importante de l’ONU dans le cadre du 75ème anniversaire de l’ONU, auquel nous étions invité.e.s. L’ONU avait émis une réponse positive à la mention de notre Charte de la Jeunesse onusienne, qui aurait favorisé les discussions intergénérationnelles.

Avec le coronavirus, nos deux évènements ont été annulés et nous avons donc dû nous mobiliser autrement pour recueillir l’avis des étudiant.e.s. Nous avons élaboré deux questionnaires en ligne destinés à la communauté académique. [n.d.l.r. l’un pour les étudiant.e.s et l’autre pour les associations d’étudiant.e.s]

Les évènements du 75ème anniversaire de l’ONU devaient se dérouler la semaine du 20 avril et ont été remplacés par une conférence sur le multilatéralisme à l’heure du Covid-19. Nous y sommes invité.e.s et en profiterons pour avancer dans notre projet.

Être porte-parole des étudiant.e.s, c’est une casquette qui vous a été donnée. Comment cela est arrivé et quel est le rôle de la communauté académique dans votre projet ?

La question de la représentativité des étudiant.e.s de l’UNIGE s’est posée au départ et nous n’étions pas à l’aise avec ce rôle. Mais nous avons été porté.e.s par Frédéric Esposito, qui nous a mené à penser qu’en reprenant les contenus des questionnaires, nous avons toute la légitimité à représenter les étudiant.e.s.

De plus, l’éducation joue un rôle majeur dans notre projet et nous pensons qu’elle permet de mieux saisir les enjeux d’organisations internationales. Notre groupe UN75 UNIGE a les pieds dans l’éducation et nous sommes tous les quatre étudiant.e.s. Nous avons donc une légitimité à représenter les jeunes.

Quel sont les points principaux de votre policy brief [1] ?

Le contenu de notre policy brief dépendra des réponses que nous recueillons via les questionnaires. Dans tous les cas, nous avons l’ambition de proposer la création d’une Assemblée Internationale de la Jeunesse. Pour nous, la coopération internationale et le multilatéralisme ne sont pas suffisants. Mais nous avons le désir de les renforcer. Nous percevons les difficultés des relations internationales et nous voulons faire mieux.

Quelle(s) vision(s) ont les étudiant.e.s de la coopération internationale?

Ce qui est intéressant est que dans le questionnaire, nous posons deux questions très similaires. Il s’agit de savoir si les étudiant.e.sont plutôt une vision optimiste ou pessimiste des relations internationales sur les dix prochains mois et sur les dix prochaines années. La tendance générale indique que les étudiant.e.s ont une vision pessimiste à court terme mais optimiste à l’horizon 2030. Nous pensons que la jeunesse peut s’imposer et permettre d’amener de nouveaux thèmes dans la discussion.

La vision est optimiste d’ici à 2030, ce qui correspond à l’horizon temporel de l’Agenda 2030 pour le Développement Durable. Vous pensez aussi que ce dernier est faisable d’ici à dans dix ans ?

L’Agenda 2030 présente des disparités d’applications dans certains objectifs selon les pays. Mais nous pensons qu’il fournit la base pour faire mieux. Et pour ce faire, la jeunesse peut aider. La popularité de l’expression « Ok boomer !» permet d’illustrer le gel de certaines générations au pouvoir. Alors oui, intégrer la jeunesse peut impliquer le danger du manque d’expertise mais permet avant tout d’apporter du changement. Nous avons plus de chances de réussir à atteindre les objectifs [n.d.l.r Objectifs du Développement Durable] en incluant les jeunes générations.

Et pour vous, intégrer la jeunesse passera par une assemblée internationale?

A Genève, il existe déjà plusieurs projets (SUN, GIMUN, Youth Representatives) qui permettent aux jeunes de faire un premier pas en direction de la sphère onusienne. Mais nous avons envie de ratisser plus large et nous sommes d’avis que les jeunes jouent un rôle de lanceur.se.s d’alerte en prenant possession de certaines problématiques. Ils.Elles ont un impact par leur force, leur réactivité et leur optimisme.

Nous ne souhaitons pas seulement que l’ONU invite des jeunes à venir voir ses évènements mais qu’elle leur permette d’avoir une légitimité à parler, à apprendre des autres générations et vice-versa. Avoir une Assemblée Internationale de la Jeunesse, ce serait garantir pour la première fois que la jeunesse ait entièrement sa place.

Nous souhaitons que cette Assemblée soit composée de jeunes actif.ve.s dans le milieu associatif. Nous ne souhaitons pas des jeunes qui sont déjà dans l’optique du système onusien mais plutôt des personnes qui ont des causes diverses à présenter. Pour nous, l’étiquette d’un Etat est peu importante mais l’étiquette des sensibilités, si ! Le but sera de trouver le dénominateur commun via des représentations diversifiées.

Quelle sera la suite ?

La pandémie retarde la possibilité de voir une telle Assemblée se former rapidement. Sa faisabilité dépend du retour de l’ONU. Nous sommes quatre étudiant.e.s et nous ne partons pas du principe que le projet se fera uniquement par notre intermédiaire. Il pourrait être repris par les volées d’après dans le cadre du cours de gestion de projets. Mais nous allons continuer à en esquisser les bases.


­Le groupe UN75 portera l’espoir et la voix des jeunes le vendredi 24 avril à l’évènement « Le Multilatéralisme à l’heure du Covid-19 », qui se déroulera en ligne et sera diffusé en direct. Par la suite, ils.elles espèrent que les portes du Palais des Nations leur seront ouvertes pour glisser leurs propositions entre les bonnes mains. Affaire à suivre.

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