La foule s’est pressée ce lundi 14 octobre, aux portes de l’auditoire Piaget de l’Uni Dufour. La salle était comble pour un intervenant de choix. Steven Pinker, psychologue cognitiviste de la prestigieuse Université de Harvard, s’est en effet rendu à Genève pour une conférence en l’honneur des lauréat.e.s du Prix Latsis qui récompense chaque année des jeunes chercheurs et chercheuses au sein des Universités de Saint-Gall et de Genève ainsi que des Écoles Polytechniques Fédérales de Lausanne et Zürich. L’auditoire Piaget, fort de ses 600 places, n’a d’ailleurs pas pu accueillir tout le public venu en nombre. Les retardataires ont toutefois pu se consoler en buvant les paroles de la star du jour par vidéo-conférence dans un autre auditoire.! Après les allocutions du recteur de l’Université de Genève, Yves Flückiger, du président du Conseil de la Fondation Latsis, Denis Duboule, et du -controversé- conseiller d’État, Pierre Maudet, les lauréats du Prix Latsis ont eu l’occasion d’exposer, à travers un « flash talk », l’essentiel de leurs recherches. Mais soyons honnête, la plupart des personnes présentes s’étant rendues à la salle U600 n’avaient d’yeux que pour l’invité vedette.
Mais alors pourquoi tant de ferveur pour ce chercheur ? Une première réponse s’explique par le fait que Steven Pinker est reconnu pour ses ouvrages synthétiques destinés autant aux scientifiques qu’au grand public. Son dernier ouvrage, « Enlightenment Now » (1) ou « Le Triomphe des Lumières » dans sa version francophone, a ainsi connu un certain succès. Mais si sa plume lui permet de toucher une large audience, ses talents d’orateur lui servent également de mégaphone pour transmettre son message. Il suffit de taper « Steven Pinker » sur YouTube pour s’en persuader : ses conférences atteignent souvent plus d’une centaine de millier de « vus ».
Une deuxième réponse réside probablement dans ce que l’on pourrait qualifier comme étant sa marque de fabrique : Une vision plutôt optimiste du futur et du monde dans lequel nous vivons. À ce sujet, le titre de la conférence ne nous trompe pas : « Pourquoi notre monde se porte mieux ». À travers plusieurs facteurs, que ce soit la baisse du taux de mortalité chez les nouveaux-nés ou la hausse du taux d’alphabétisation dans le monde, Pinker tente de nous montrer que tout n’est pas préoccupant, à une époque où les médias de masse sont souvent sensationnalistes et alarmistes. Sans remettre en doute les grands enjeux qui attendent l’humanité, Pinker se considère, en effet, plutôt comme un réaliste que comme un optimiste et prône une approche rationnelle et pragmatique pour faire face aux défis qui nous attendent.
Finalement, que l’on adhère ou pas à sa vision, force est de constater que sa thèse séduit un nombre toujours plus important de personnes et amène un vent de fraîcheur certain dans un monde qui semble (vraiment ?) toujours plus courir à sa fin.
La Fondation Latsis
La Fondation Latsis récompense chaque année des chercheu.r.se.s de moins de 40 ans pour une recherche jugée importante. Institution à but non lucrative et d’intérêt public, elle décerne depuis 1983 quatre prix (un par université – Université de Genève, Université de Saint-Gall, EPFL et EPFZ) destinés à récompenser ces jeunes chercheu.r.se.s. Les lauréat.e.s sont choisi.e.s par les Commissions de Recherches de chaque université et sont ensuite sélectionné.e.s par le Conseil de la Recherche du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique. La tradition veut qu’une conférence soit tenue par une personnalité reconnue en l’honneur des lauréat.e.s (2)
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.