A Genève s’organise un « black-out » pour le ciel nocturne

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Quelques fois, à la nuit tombée, la Lune éclipse l’éclairage public. Mais ce sont surtout les lampadaires, qui éclipsent constellations et planètes. Ce ne sera pas le cas le 26 septembre prochain ! Ce soir-là, cela vaudra la peine d’épouser le ciel du regard car dans l’agglomération du Grand Genève, 144 communes s’imposeront un « black-out », en désactivant leur éclairage public. Nommé « La nuit est belle ! », l’évènement est un défi qui leur est proposé par la Société Astronomique de Genève, le Muséum d’histoire naturelle de Genève et la Maison du Salève.

Observer les étoiles est une tradition qui date de plus de 32’000 ans. Les Aztèques s’estimaient capables de prédire l’avenir grâce aux mouvements des corps célestes, les trois grandes pyramides de Gizeh sont alignées avec l’étoile polaire, et les Babyloniens traitaient les astres comme des dieux. De nos jours, il n’est plus envisageable, notamment à cause de la pollution lumineuse, de s’adonner à des activités comme celles de nos ancêtres.I II. La raison ? La pollution lumineuse. Sur le territoire du Grand Genève, près d’un million d’habitants sont d’ailleurs privés de l’obscurité nocturne naturelle. Selon les chiffres de Dark Sky Switzerland, le ciel nocturne, sous l’effet de l’éclairage public, est éclairci plus de 10 fois dans l’agglomération genevoiseIII. Le halo scintillant des centres urbains empêche la population d’admirer le cirque des astres. En effet, certains objets célestes, comme les galaxies et les nébuleuses sont bien moins brillantes que les étoiles et les planètes. Il faut donc un ciel bien plus sombre pour les observer. Selon les chiffres de la NASA, 60% des Européens ne peuvent pas observer la Voie lactéeIV. Mais l’éclairage public a surtout un impact considérable sur la faune et la flore. Animaux et insectes voient leurs rythmes biologiques modifiésV. Les lumières leur font perdre leurs repères, modifient le rapport entre proie et prédateur et peut perturber leurs milieux naturels par exemple. Pour la flore, la lumière nocturne affecte notamment la photosynthèse et la germination. De plus, la lumière artificielle peut perturber le cycle circadien de la population, engendrant des troubles du sommeil, du stress, de la fatigue et d’autres soucis de santéVI.

Et les chiffres sont ahurissants : les 22’800 points lumineux de la Ville de Genève consomment autant d’énergie que 1817 foyers de 4 personnes et ils coûtent à la ville 12% de son budget d’électricitéVII. « La nuit est belle ! » s’inscrit donc dans une lignée de projets communaux, cantonaux et régionaux prenant en compte non seulement les conséquences de l’éclairage public pour la faune, la flore, les humains mais aussi pour le porte-monnaie des autorités. Pas question cependant de transformer l’agglomération en trou noir ! En effet, certains points lumineux doivent rester allumés pour des raisons de sécurité, notamment les feux de signalisation sur la route. D’autres permettent encore d’illuminer le patrimoine et les façades incontournables des villes. Dans de nombreuses communes, à l’instar de Genève, est déjà déployée la stratégie « éclairer mieux, consommer moins »VIII. Cela dit, les ampoules LED à lumière blanche, utilisées pour leur caractère peu gourmand en énergie, contribuent fortement à la pollution lumineuse.

Alors le 26 au soir, en espérant que le ciel soit dénué de tout nuage, les motivé-e-s éteindront leurs lampes, se pareront de bandes réfléchissantes et s’en iront prendre part aux activités proposées par les collectivités et les particuliers. Les communes genevoises éteindront leur lumière jusqu’à minuit et les communes vaudoises et françaises de 23h à 5hIX. Si le défi n’a été proposé qu’aux communes, nombre d’entreprises et de privés ont décidé de le relever. Parmi eux, les SIG, la RTS et le CERN. Au programme, observations astronomiques, sorties en nature ou encore conférences. Avec l’espoir de rentrer chez soi des étoiles plein les yeux.

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