“Une grève est un moyen de construire des nouveaux rapports de force”

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17 avril, mercredi soir, salle B106 à Bastions, le bâtiment le plus vieux de l’Université de Genève, considéré  “aujourd’hui encore le symbole de la vie académique à Genève”1 : Une Assemblée générale féministe est organisée par le Collectif féministe de Personnes en Formation (CFPF) pour présenter les revendications au niveau des lieux de formation et pour voter la grève nationale féministe du 14 juin 2019.

Devant une salle pleine, les organisateur.trice.x.s expliquent leurs revendications, qui seront déposées auprès des rectorats des différents lieux de formation participant : HEDS, HETS, HEAD, HEG, l’Université et l’AMR.

“On lutte contre toute forme d’oppression. L’invisibilité des femmes* et la dévalorisation de leur travail nous amène à vouloir changer les structures du système. Une grève est un moyen de construire des nouveaux rapports de force, pour que nos lieux de formation représentent plus la réalité de leurs membres.”

Les revendications

Les organisateur.trice.x.s ont choisi 4 revendications primaires, tout en soulignant qu’elles ne sont pas exhaustives et qu’il existe beaucoup de raisons différentes de faire la grève.

“Nous exigeons une utilisation systématique et appropriée du langage inclusif non-binaire.”

L’importance du langage découle du fait que l’imaginaire collectif de la société y est lié. Il repose sur une construction idéologique inégale et la renforce. “Au 17e siècle, l’Académie française légitime l’utilisation de l’orthographe masculine en disant que “l’orthographe masculine l’emporte sur le féminin, car le genre masculin est plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle.”2 Cela nous montre le manque de représentation et l’invisibilisation de tout genre autre que le masculin”, développe une intervenante. Le groupe de travail propose d’utiliser soit, le langage épicène (des termes non-genrées, p.ex. le corps estudiantin, les personnes, la direction) soit, une forme de langage non-sexiste (p.ex. “tout.e.x.s, le “x” symbolisant la rupture de la binarité des genres).

“Non au harcèlement sexuel dans les lieux de formation.”

Il s’agit ici autant d’une revendication de reconnaissance de l’importance de parler du harcèlement sexuel et sexiste dans les lieux de formation, que de l’importance d’instituer des services adéquats auxquels s’adresseraient les victimes. En plus, la Loi sur l’égalité ne reconnaît le harcèlement sexuel que dans des relations se rapportant au monde du travail. En 2017, quand l’Université de Genève a lancé la campagne “#uniunie”, une brochure d’information a été publiée, comme début d’une plus grande protection des victimes3. Pourtant, pour les membres du collectif, cette campagne n’avance pas assez.

“Nous exigeons une formation obligatoire et gratuite pour toute personne enseignant dans nos lieux de formation.”

Comme la chanteuse belge, Angèle, le montre dans sa chanson “Balance ton quoi”4, le problème du harcèlement sexuel et sexiste provient souvent d’une incompréhension sur le fond : le harceleur “ne savait pas qu’il harcelait”. C’est contre ce manque d’information que les membres du collectif revendiquent une formation obligatoire et gratuite comme premier pas contre les discriminations systématiques et contre l’inconscience des personnes bénéficiant des privilèges sociaux.

“Nous exigeons une répartition de l’espace public dans nos lieux de formation qui ressemble plus à la société réelle du corps estudiantin.”

Après avoir constaté l’état de l’espace public en termes d’égalité de tout genre (noms des rues, statues présentes dans les parcs, harcèlement de rue)5, les intervenant.e.x.s présentent leurs revendications en matière d’environnement de formation. En général, il s’agit d’une revendication de plus d’espace pour chaque étudiant.e.x pour se reposer, et pour un lieu de formation ouvert et accueillant. Des toilettes inclusives, des espaces en mixité choisie6 (en plus des espaces pour tout le corps estudiantin) et des produits hygiéniques distribués gratuitement figurent dans les revendications plus spécifiques.

La centaine de personnes présentes dans cette salle prestigieuse vote à l’unanimité pour la grève et pour un changement de la culture dans les lieux de formation à Genève. A la suite de cette assemblée générale, une nouvelle réunion s’est tenue le 7 mai pour préparer la journée même de la grève, en vue de porter les revendications au grand public.

Pour plus d’informations et détails sur les revendications :

https://www.facebook.com/Collectif-F%C3%A9ministe-de-Personnes-en-Formation-434652337270543/

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