La crise des Rohingyas continue : ne les oublions pas

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La crise humanitaire qui frappe les Rohingyas est désormais connue au niveau mondial. Mais savez-vous réellement qui sont ces personnes ?

En résumé, les Rohingyas sont une minorité musulmane ayant vécu dans la région de l’Arakan en Birmanie jusqu’en août 2017. Leur statut de minorité musulmane (les Rohingyas représentent seulement 5% de la population birmane) leur a valu des altercations, qui se sont accrues depuis 2012, avec les Bouddhistes (religion dominante pratiquée par près de 90% de la population). En octobre 2016, un groupe d’extrémistes Rohingyas, revendiquant une meilleure qualité de vie pour leur ethnie, se sont rebellés contre des policiers birmans. Cette action a permis à la junte birmane de mener la vie encore plus dure aux Rohingyas, qui ont donc été obligés de fuir au Bangladesh pour éviter plus de violence.

Le cours de ces évènements, qui peut sans aucun doute être considéré comme une crise humanitaire, a été fortement médiatisé. Face aux indignations soulevées, quelles ont été les réactions du gouvernement birman et des grandes institutions mondiales ? Dans quel contexte est née cette crise et quelles sont les méthodes existantes pour aider ce peuple en difficulté ?

Cette persécution n’est pas récente : depuis la seconde moitié du 20ème siècle, soit depuis l’arrivée de la junte birmane au pouvoir après un coup d’état en 1962, les Rohingyas subissent des violences. De plus, après la loi sur la citoyenneté passée en 1982, ils ont perdu leur nationalité birmane et se retrouvent donc apatrides, c’est-à-dire sans nationalité. Ce statut engendre un refus d’accès aux soins, à l’éducation et au travail (2) : ainsi, cette situation viole de nombreux articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ce peuple est considéré comme « le plus persécuté au monde » selon l’Organisation des Nations Unies. L’ONU et son Haut-commissaire aux droits de l’Homme, ZeidRa’ad Al Hussein, ont qualifié cette situation d’un « exemple classique de nettoyage ethnique » (1).

Certaines sources, telles que « Libération » ou « Le Monde », affirment que les autorités locales contraignent ce peuple au travail forcé, leur confisquent leurs terres et brûlent leurs maisons. Ils vont même jusqu’à avancer que des « opérations de nettoyage » sont commanditées par le gouvernement et seraient la source de nombreux viols, tortures et meurtres.(2 et 7) Face à ces accusations, quelle fut la réaction d’Aung San SuuKyi, qui est à la tête de ce régime ultra répressif ? Cette femme d’Etat birmane, fille du célèbre Aung San qui dirigea le pays quelques années auparavant avant d’être assassiné par la junte birmane, ne peut agir librement sur cette question. Pour cause, l’assemblée militaire birmane est très puissante dans la région et ne lui laisse qu’un champ d’action très limité. En effet, depuis le début de sa campagne électorale, puis son élection à la tête de la ligue nationale pour la démocratie, les militaires lui barrent la route. Le film The Lady de Luc Besson décrit très bien ce problème et renoue avec le passé d’Aung San SuuKyi de manière brillante. Il nous montre une femme pleine de bravoure et d’audace, dont la lutte en faveur des droits de l’Homme lui a valu de recevoir un prix Nobel de la paix en 1991. Par opposition à ce film, on découvre actuellement une femme qui reste inactive face à une crise humanitaire majeure dans son pays, sans dégager d’action pour remédier à ce problème. Par conséquent, certains demandent que son prix Nobel lui soit retiré.

Du côté de la junte birmane, le chef de l’armée a affirmé que les « Rohingyas ne font pas partie de l’histoire du pays » (1). A côté de cela, le 18 octobre dernier, la délégation militaire Birmane était en visite officielle en Suisse (5), ce qui souleva des critiques en raison de la situation humanitaire actuelle et de l’implication de la junte dans celle-ci. Le Département fédéral des affaires étrangères a fait valoir que cette visite avait pour but de « faire connaître le fonctionnement du fédéralisme pour améliorer les relations entre l’Etat central et les régions habitées par des minorités linguistique » (5). De plus, il a bien indiqué dans un article de RTSinfo « qu’il condamne les violence armées » (5).

Venons-en maintenant aux organismes qui se mobilisent pour apporter de l’aide aux Rohingyas. Il existe beaucoup de méthodes différentes pour ajouter sa pierre à l’édifice et faire en sorte que cette situation bouge. Il existe par exemple « Action contre la faim » qui a déjà distribué plus de 2 779 920 repas et 5 242 358 litres d’eau. ACF a aussi installé plus de 3 875 latrines de secours dans les camps (8). UNICEF joue et continue de jouer un grand rôle en révélant des informations importantes au grand public, tel que le taux de malnutrition sévère potentiellement mortelle qui est de 7,5% (4). Le représentant de l’UNICEF au Bangladesh, Edouard Beigbeder a souligné que « les enfants rohingyas du camp – qui ont déjà survécu à des horreurs dans le nord de l’Etat de Rakhine et au cours de leur dangereux voyage jusqu’ici – sont déjà au cœur d’une catastrophe » (4). L’UNICEF et ses partenaires traitent déjà plus de 2.000 jeunes sévèrement atteints dans une quinzaine de centres. Le porte-parole de l’ONG a indiqué que 7.500 d’entre eux sont sévèrement mal nourris,  et ont été identifiés par des dépistages pour bénéficier urgemment d’un traitement (4).
Médecins sans frontières (4), quant à eux, interviendront après la crise ; leur rôle est d’aider les personnes en difficulté au niveau de la santé. Comment ? L’association collecte des fonds d’urgence auprès de donateurs privés. Sans cette participation, l’association ne pourrait mener ses actions, comme identifier et conduire des personnes nécessitant des soins médicaux d’urgence à l’hôpital le plus proche, notamment celui de Kutupalong, et les aider à survivre le temps de trouver une solution au problème.

Il existe aussi des ONG moins connues et plus locales, comme The Arakan Project (6) : cette ONG, indépendante depuis 2005, nous indique sur son site internet que son but est d’intervenir au niveau juridique. Ainsi, ses membres travaillent sur le droit international (ciblés sur les droits humains et le droit à la nationalité) et tentent de défendre les droits des Rohingyas.

Il existe de nombreuses autres ONG qui nécessitent encore l’aide du public, que ce soit sous forme de dons, d’engagement physique, ou tout simplement de soutien visant à donner du poids à la cause. Espérons que ces actions permettent d’éviter ce que le président Emmanuel Macron appelle déjà un « génocide »(2) et, dans un contexte où les Etats ne s’expriment pas clairement sur la question, des actions que l’on pourrait qualifier de « lèse humanité ».

Cette situation entre le Bangladesh et la Birmanie ne peut plus durer. Les réfugiés sont en détresse : une réfugiée Rohingyas a affirmé : « nous voulons la justice, rien d’autre que la justice » (10). Ces personnes ne peuvent rester au Bangladesh, car elles vivent dans des conditions précaires. Les risques sanitaires sont énormes : l’apparition d’une épidémie pourrait les faire basculer de la survie à la mort. De plus, les habitants du Bangladesh qui logent ces personnes chez eux peuvent être traduits en justice car les autorités ont déclaré illégal de les héberger(10). C’est pourquoi les ONG sont présentes pour leur apporter des solutions pour survivre,   en leur montrant le bon côté de l’Homme, dans une situation de violence inouïe comme celle-ci.

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