Réaction de la CUAE sur la création d’une nouvelle faîtière

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Hier, la CUAE a répondu au rapport envoyé par l’AFU concernant les négociations sur la réforme de la faîtière. Cette réaction de la CUAE ainsi que le rapport qui l’accompagne est évidemment tout aussi partial et subjectif que l’était le rapport de l’AFU, comme nous l’avons déjà montré dans un précédent article. Néanmoins, la combinaison des deux points de vues permet peut être de mieux comprendre une situation très embrouillée, voire lassante. Que peut-on tirer de ce document ?

 

Une deadline dans les négociation : ultimatum voilé contre la CUAE ou simple argument défensif pour l’AFU ?

Une des première chose qui ressort de la déclaration de la CUAE est la dénonciation de la deadline imposée par l’AFU « au-delà̀ de laquelle soit les négociations avaient abouti à des garanties de changements concrets, soit l’AFU considérait les négociations comme une impasse et rompait le dialogue » (P2). Sur ce point, deux niveaux de perception sont possibles. Le premier est celui de la CUAE, qui consiste à voir dans cette deadline un ultimatum voilé de la part de l’AFU. Il est clair que d’un strict point de vue diplomatique, cela y ressemble : une des deux parties décide de mettre en œuvre une décision unilatérale si l’autre partie refuse de coopérer selon ses propres critères. Plus vulgairement, on pourrait y voir une forme de « si vous n’allez pas dans mon sens je vais quand même appliquer mon idée ». Pourtant, une seconde lecture de ce point est possible si l’on se met à la place de l’AFU. Il faut bien comprendre que la CUAE est la faîtière actuellement en place et l’AFU n’est pour l’instant au mieux qu’une coalition de représentants d’associations. L’AFU est donc fragile et pouvait alors craindre que la CUAE utilise sa position dominante afin de rallonger les débats indéfiniment jusqu’à épuisement de l’AFU. Face à ce risque dont la probabilité était réelle, il faut plutôt voir en cette deadline un outil de protection de la part de l’AFU afin que la CUAE prenne sérieusement en considération les revendications qui étaient faites à son encontre. Cette deadline était une sorte de menace, un bluff pour obliger les négociations à avancer.

On peut alors se demander pourquoi avoir mis en œuvre cette deadline si son réel intérêt résidait dans son rôle dissuasif ?

 

La CUAE semble dénoncer une fausse urgence

Compte tenu de ce que nous venons de dire, nous ne pouvons pas comprendre les raisons qui ont poussé l’AFU à arrêter les négociations. Dans son rapport elle reste d’ailleurs très expéditive sur la question puisqu’elle évoque en deux phrase que la déclaration d’intention était trop contraignante pour l’AFU et pas assez pour la CUAE. La CUAE, dans sa réponse, se targue de l’avoir ratifiée et rappelle que cette déclaration d’intention a été rédigée par les deux parties. Ce qui est une accusation directe à l’encontre de l’AFU : elle avancerait des propositions qu’elle ne tiendrait pas. Pour nous, il est impossible de savoir à quel point l’AFU s’était engagée à signer ce document. En effet, comme nous l’avons déjà dit, les négociations se déroulaient de manière fermée. Ni Topo, ni les autres associations ne pouvaient être présentes et aucun bilan intermédiaire n’a été envoyé.

 

De manière générale c’est la question de l’ « urgence » des négociations que nous ne comprenons pas. La CUAE dénonce l’AFU sur ce point comme nous l’avons déjà dit, car elle y voyait un ultimatum. En dehors de cet argument, il est difficile de comprendre comment l’urgence peut être un critère dans des négociations qui portent sur la création d’une nouvelle faîtière, ou à défaut, d’une restructuration de fond de la CUAE. De manière naïve, ces négociations ne devraient pas avoir en jeu des rapports de pouvoir entre élites associatives. Si réellement le but est d’améliorer la vie étudiante, comment peut-on dire qu’il y a urgence à le faire ? Quand bien même la CUAE gèrerait mal la vie étudiante, sa gestion serait si désastreuse qu’il faudrait réagir dans l’urgence, comme pour une catastrophe humanitaire ? Peu importe les acteurs en présence et le contexte, proposer un nouveau mode d’organisation est quelque chose de difficile et long. On ne peut pas l’évacuer en trois réunions publiques et quatre négociations à huis clos. Comme déjà dit, on peut comprendre le point de vue de l’AFU de lancer une deadline dissuasive afin d’être prise au sérieux. Mais si l’intérêt d’une telle deadline est justement dans son caractère dissuasif, pourquoi l’avoir mise en œuvre aussi vite alors que les négociations semblaient avancer, selon le propre rapport de l’AFU ! (Cf notre dernier article).

 

Communication et intérêts personnels : la désillusion

De manière générale, la CUAE reproche à l’AFU d’avoir entamé de « fausses négociations » dont les points mis en jeu par l’AFU étaient à l’avance non négociables (p.2). Cette accusation est grave car elle remet en cause tout le projet de l’AFU qui, selon cette interprétation de la CUAE, n’est plus vu comme une volonté d’améliorer la vie étudiante mais comme une simple entreprise de pouvoir. Il est impossible de connaître à quel point les rapports de pouvoirs inter-personnels et les intérêts privés brouillent les négociations. Il y a forcément des intérêts privés dans chacun des camps et même si cela peut être dérangeant, ils restent récurrents dans toute négociation. C’est d’ailleurs ce qui constitue une raison supplémentaire pour ouvrir les débats et casser cette logique d’intérêts personnels.

 

D’autre part, nous l’avons déjà dit et nous le redisons : pourquoi la CUAE a-t-elle accepté de réduire les débats à un seul groupe restreint ? Pourquoi n’avoir pas fait plusieurs groupes de discussion ouverts ? Il paraît peu aisé d’être accusateur à l’égard de la communication de l’AFU dans la mesure où en elle n’a aucun devoir de communication envers les étudiants, puisqu’elle n’existe pas encore. En revanche, il semble logique que la CUAE soit plus ouverte sur ces questions et n’assume pas toute seule le fardeau d’une refonte de l’organisation de la vie politique et associative des étudiants de l’université.

 

La réforme de la CUAE est toujours en cours

À l’heure actuelle, la CUAE a déclaré poursuivre les débats à l’intérieur du même groupe de travail qui avait été interrompu durant l’hiver (une séance a eu lieu hier soir). Une réforme de la CUAE va donc se poursuivre, et en parallèle, une deuxième faîtière va être créée. La question est donc de savoir à quel point cette réforme interne va rendre inutile la création de l’AFU. Autrement dit, c’est le moment pour l’AFU de montrer en quoi ses revendications valent la peine d’être portées par une nouvelle faîtière plutôt que par une réforme de la CUAE. C’est aussi le moment pour l’AFU de montrer que les critiques faites à l’encontre de la CUAE ne sont pas uniquement fondées sur une base politique droite-gauche. Car si elle revendique simplement une réorientation politique de la faîtière, il lui aurait suffit de se présenter à la prochaine Assemblée générale de la CUAE pour voter une réorientation de la ligne politique des activités syndicales de la CUAE.

 

Comme nous l’avions évoqué dans notre premier article, le risque de cloisonnage des associations rattachées à la CUAE et celles qui seraient rattachées à l’AFU est bien présent. Ne serait-ce pas plus sage de se rassembler tous dans un projet repensé et unir ainsi les forces de tous plutôt que de vouloir diviser pour mieux régner ?

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2 réponses à “Réaction de la CUAE sur la création d’une nouvelle faîtière”

  1. Avatar de Trantor24
    Trantor24

    bon article ! dommage que la CUAE ne communique pas plus là-dessus.

  2. Avatar de MC
    MC

    Paragraphe conclusif : c’est ce qu’une grande majorité des étudiant-e-s présent-e-s lors des séances du groupe de travail a proposé. Même certains représentants de l’AFU étaient tout à fait favorable à une réforme de l’intérieur de la CUAE. Tout cela a été d’une hypocrisie… On a vraiment l’impression d’avoir perdu des heures de discussion pour rien.

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