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Les relations internationales sous le sapin

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Cette semaine, Noël oblige, je me suis senti de parler de la fête du vieux et gros bonhomme habillé de rouge et blanc par Coca-Cola et des festins qui nous rappellent notre dure condition de bourgeois occidentaux. Et comme « tout bourgeois qui se respecte », je fais des cadeaux à mes proches durant les Fêtes. Vous et moi qui offrons des cadeaux savons combien il est difficile de choisir pour les autres – alors qu’il est bien plus simple de consommer pour soi – et qu’une liste ou une demande directe nous faciliterait bien la tâche. Ce que nous savons moins, c’est que lorsque l’on offre des cadeaux, ont fait en réalité des relations internationales.

Je ne vais pas me lancer dans une typologie des cadeaux mais si vous êtes comme moi, vous désapprouvez certainement les gens qui vont offrir (ou pire, qui vont vous offrir) les objets « du moment », qui sont aussi impersonnels maintenant qu’ils seront démodés dans quelques semaines. Donc non au dernier essai d’un pseudo-philosophe cathodique, non aux derniers objets bobos, tels que le livre à cupcake avec les moules fournis et la fameuse drinking roulette pour les hommes, et non au canard vibrant – d’ailleurs passé de mode –, non aux capotes fluorescentes et au fouet ou à tout autre objet qui mettrait votre belle-famille mal à l’aise. De toute manière, que vous offriez le dernier chef d’œuvre de Marc Lévy ou un joli cadre à photo à votre grand-mère, vous attendrez toujours quelque chose en retour (sauf si vous êtes déjà riche). C’est donc un pari « à la négative » sur le cadeau que vous allez recevoir.

Les politologues en herbe auront vu où je veux en venir : choisir un cadeau de Noël, c’est faire de la théorie des jeux. Autrement dit, pour garantir un résultat optimal (la satisfaction de l’autre) avec des coûts minimaux (car on est tous des radins surtout lorsqu’il s’agit de tante Jacqueline), on va faire un calcul plus ou moins consciemment. Tout d’abord, si l’on sait que l’autre personne ne va rien nous offrir, on ne va rien lui acheter (il fallait bien lire Topo pour apprendre ça). Sauf si on a des intérêts spécifiques et personnels à offrir quelque chose sans rien n’avoir en retour : bonté spontanée (pas à moi !), pression sociale (espèce de faible !) ou envie de ne pas passer un hiver si froid tout seul (avouez que ça vous a déjà traversé l’esprit). Dans la plupart des cas, on va donc éviter les déséquilibres et préférer trouver un cadeau en fonction de ce que l’on attend de l’autre.

 

Le plus difficile consiste donc à trouver un cadeau similaire en termes de coûts et de satisfaction à celui qu’on espère recevoir. La stratégie choisie va dépendre de l’information à votre disposition. Si votre copine vous a traîné il y a un mois dans une boutique de vêtements sans raison, il y a de fortes chances pour que cela soit un message (pas très) subtil sur ses désirs pour Noël (j’ai dit magasin de vêtements car étant un homme je sais très bien que les femmes sont des êtres superficiels comme les films Disney me l’ont appris). La stratégie que vous faites dépend donc des informations que vous avez. Afin de résoudre ce dilemme, il existe plusieurs méthodes. Celle de l’optimum de Pareto : pariez sur la situation qui apporte le plus de bénéfices pour tout le monde, faites un super cadeau à votre ami-e, en espérant qu’il-elle fasse de même (en rouge dans le tableau). Sinon vous pouvez essayer de trouver une stratégie plus sûre (car vous êtes radin, que vous n’aimez pas tant que ça votre ami, ou les deux). Dans ce cas, suivez l’équilibre de Nash. Ne vous donnez pas la peine de faire un bon cadeau car, quel que soit le choix de l’autre, vos pertes seront plus faibles que si vous faites un cadeau cher (en vert dans le tableau). Quelle que soit la stratégie que vous choisissez, sachez qu’aucune ne vaudra une bonne communication. Alors, si les relations internationales peuvent nous apprendre une chose pour Noël, c’est que faire une liste de souhaits est toujours plus simple pour éviter un conflit. Si seulement l’ONU pouvait fonctionner comme ça !

Cette chronique était la dernière avant les vacances d’hiver. Toute l’équipe vous souhaite de réussir vos examens et de passer d’excellentes Fêtes. Mais surtout ayez en tête que Topo revient en février avec toujours plus d’articles et de surprises, en particulier dans cette chronique !

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