Politique fantastique

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En 2014 l’Écosse fera un référendum pour savoir si elle désire rester dans le Royaume-Uni. Un vote à double tranchant dont les conséquences peuvent être désastreuses pour l’Union Européenne. Si l’Écosse devient indépendante, puis, que le Royaume-Uni fait un référendum pour sortir de l’Union, alors le «oui» risque de l’emporter en l’absence du soutien européiste de l’Écosse. Imaginez …
Cela signifie la fin d’un trio qui donnait son équilibre à une construction déjà ébranlée par la crise et transpercée par des relents nationalistes et égoïstes. La France et l’Allemagne risquent de voir leur amitié s’effriter et les cathédrales imaginaires qu’ils ont construit sur les billets européens risquent bien de rester à l’état de métaphore inachevée.

« Depuis la crise, l’Angleterre était devenue un exemple pour les Allemands qui ont toujours envié l’insouciance financière d’une nation qui a réglé ses difficultés d’une main de fer. Face à la tentation allemande de tisser des liens commerciaux et militaires forts avec le Royaume-Uni, La France n’a cessé d’avoir des positions diplomatiques changeantes depuis 2015. L’Allemagne avait déjà commencé à abandonner la France lorsque cette dernière accusa le Royaume-Uni d’avoir toujours fait bande à part, en refusant notamment d’entrer dans l’espace Shengen et la zone euro. Malgré les désaveux publics de plus en plus évidents de l’Angleterre envers l’ancienne UE et en particulier les attaques diplomatiques contre la France, l’Allemagne ne cessa de rester muette sur le sujet.

Ce qui a rendu les positionnements français schizophréniques : d’un côté l’obligation hobbesienne de se défendre face aux attaques de l’Angleterre, et de l’autre la nécessité de maintenir ses accords avec une Allemagne qui est désormais tournée vers l’outre-Manche. Les observateurs ont d’ailleurs fortement critiqué cette absence de positionnement ferme de la France et ses innovations diplomatiques qui se sont toutes terminées en échecs. Pourtant le mutisme allemand n’est pas davantage acceptable aux yeux d’un allié qui lui a toujours été fidèle depuis 1945.

    Les positionnements successifs de la France ont certes été chaotiques, mais avait-elle d’autres alternatives à celles de se débattre face à deux États refermant les possibilités de coopérations ? La seule solution pour sauver l’UE serait la signature d’un accord renouant avec la protection mutuelle et la solidarité dont l’Europe se voulait la garante (comme lors du dernier traité de Berlin). Dans moins d’une semaine un sommet franco-allemand se tiendra à Genève, dans le manoir historique où Aristide Brian installa son bureau d’étude pour la construction d’une Union Européenne sur mandat de la SDN en 1929. Espérons que les opportunités qui s’offrent aux deux nations seront saisies pour retrouver la voie d’une Europe forte et solidaire. »

    C’est le genre de politique fiction, qui appartient davantage au fantastique, et qui ne mène à rien, mais dont on use et abuse parce qu’ils font frémir ceux qui veulent bien l’écouter. Même si parfois les fictions rejoignent la réalité, surtout lorsque ceux qui les écrivent voient la réalité comme une fiction.

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