The End of the F***ing World, simple et décalé façon British

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Sortie fin octobre sur Channel 4, la série The End of the F***ing World a été lancée internationalement sur Netflix le 5 janvier et fait déjà un carton auprès des critiques. Inspirée de la bande dessinée de Charles Forseman, la série raconte la fuite de deux adolescents, James (Alex Lawther) et Alyssa (Jessica Barden) qui abandonnent impulsivement leur parents immatures et leurs vies pathétiques dans lesquelles ils ne se sentent pas à leur place. Ils s’embarquent dans un road trip rempli de péripéties et de mésaventures. Cela pourrait ressembler à une histoire banale, sauf que James est convaincu d’être un psychopathe et qu’il planifie de tuer Alyssa, tandis qu’elle se laisse porter par son caractère rebelle et fait des dégâts sur son passage. Une histoire sombre mais rafraichissante qui explore des sujets sérieux, avec une touche de marginalité..

Un concept peu banal

La série comporte une saison de huit épisodes, chacun d’une vingtaine de minutes. Il n’y a pas de générique d’ouverture, le visionnage est donc très fluide et prend même la tournure d’un long film si émerge l’envie pressante d’avaler les épisodes d’une traite. L’idée vient de Charles Forseman qui, en 2013, publie une bande dessinée du même nom. Bien que Forseman soit américain, la série sera produite en Angleterre et aura donc une touche très britannique. Les paysages ne sont certes pas extraordinaires, mais ils sont variés et l’on retrouve beaucoup d’intensité dans leur simplicité. Le récit se passe à notre époque, pourtant les personnages roulent en voiture ancienne, n’ont pas de portables, et les images rendent une atmosphère légèrement vintage pour le plus grand plaisir de nos yeux. La bande-son, dirigée par Graham Coxon, renforce cet aspect vintage avec les bluesmen de  The Ovations, tout en restant moderne avec des titres récents et touchant tel que SOKO – We might be Dead by Tomorrow. Avant même d’avoir abordé la qualité du contenu, la série est déjà prometteuse de par sa production.

Marginalité et humour noir

Le récit joue un rôle important dans l’originalité de la série, mais ce sont surtout les protagonistes qui donnent la couleur avec leurs personnalités têtues et décalées. James, qui est convaincu d’être un psychopathe, voit apparaître une fille au caractère bien trempé dans sa vie. Il voit en elle une proie idéale et planifie son meurtre. Pourtant, il n’avait pas prévu que cette fille ferait ressortir en lui des émotions et des sentiments qu’il refoulait depuis son enfance. Le thème de l’émotionnel est brillamment abordé à travers un personnage qui pense ne rien éprouver, avant de se laisser petit à petit emporter par ses premiers émois. Le contraire s’applique à Alyssa qui, guidée par ses pulsions dévastatrices, affiche une moue constamment agacée. La mise en scène peut paraître loufoque, mais c’est grâce à ces deux individus marginaux que des sujets simples et sérieux sont dépeints de manière très réaliste, telle que la haine, le sexe ou l’attachement.
La grande qualité de cette série est d’avoir abordé la marginalité comme un élément de notre vie quotidienne. C’est à travers un humour noir et British que la vie est décrite, vue comme ennuyeuse et superficielle. Les deux adolescents ne rentrent pas dans le cadre et ils l’assument. Le décalage de ces deux protagonistes est très justement reflété par les dialogues ; ces derniers sont courts, simples et directs. Les mots sont souvent vulgaires et personne n’est gêné à l’idée de dire clairement ce qu’il pense. Cela rend l’atmosphère très dure, mais aussi attendrissante, et renforce le côté décalé de la série qui semble en même temps particulièrement authentique.

Laissez-vous surprendre

The End of the F***ing World est une série qui vaut le détour. Elle se démarque sur plusieurs plans et apporte enfin une touche différente, grâce à son format et à son contenu, que l’on retrouve plus souvent dans le cinéma qu’à la télévision. Le récit emporte le spectateur et le laisse pris au piège dans un monde si proche de notre quotidien et qui semble pourtant si éloigné. Ce mélange entre un récit pertinent, des personnages marginaux, des dialogues crus, une image et une bande-son à la touche vintage démarque cette série dont on retiendra particulièrement le caractère simple et décalé. Un chef d’œuvre à la façon British.

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