L’ONU défend le droit du salaire sans l’appliquer

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Samedi, une cinquantaine d’étudiants s’est retrouvée vers 17h sur la place des Nations, devant l’ONU, pour défendre les droits des stagiaires non-rémunérés autour du slogan « unpaid is unfair ». Le mouvement dénommé « Pay your interns » n’est pas nouveau puisqu’il a été crée en 2013. L’initiative s’était peu à peu essoufflée jusqu’à mars dernier lorsque Matteo De Simone, ancien stagiaire du Bureau international du travail (BIT), a relancé le mouvement avec deux autres étudiants, l’un à l’Université de Genève et l’autre à l’Institut de hautes études internationales et du développement. L’idée est simple : l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que «quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante». Pourtant, L’ONU emploi de nombreux stagiaires non-rémunérés.

« Faites ce que je dis mais pas ce que je fais »

Matteo dénonce ce paradoxe dans la Tribune de Genève le 1er mai dernier. « C’est spécialement incohérent au sein de l’ONU qui promeut partout dans le monde des valeurs comme la non-discrimination, la diversité et la participation. Mais qui ne les applique pas à son personnel. En payant leurs stagiaires, les Nations Unies pourraient aussi servir de guide pour les autres organismes. » Selon un recensement de la Geneva Interns Association datant de 2013, deux tiers des stagiaires de l’ONU ne sont pas payés. D’après le Courrier, la plupart des organisations internationales installées à Genève seraient également concernées.

Des droits méconnus

«A Genève, si un stage n’est pas reconnu par une institution publique, comme l’Université, il est considéré comme un emploi et doit être rémunéré.» déclare Quentin Stauffer, secrétaire permanent à la CUAE dans un article du Courrier le 18 Juillet. Il regrette que beaucoup d’étudiants ne soient pas conscients de ce droit. Malheureusement, les organisation onusiennes échappent à cette législation puisqu’elles ne sont soumises qu’au droit international.

La formation des stagiaires est aussi une préoccupation au centre du mouvement. André Alves Dos Reis, de l’Association des étudiants de l’Institut des hautes études internationales et du développement, déclare dans le Courrier samedi dernier :  «Ces conditions de travail sont incompatibles avec les valeurs prônées par l’ONU, telles que la diversité ou l’égalité des chances.»

Une initiative non partisane qui monte 

Le mouvement tient ses distances avec les partis politiques, car ils ne seraient d’aucun recours face à des organisations internationales non-soumise au droit suisse. Matteo déclare dans la Tribune de Genève : « Nous préférerions attirer l’attention des représentants des ressources humaines des agences onusiennes et avoir le soutien d’associations d’étudiants afin d’inscrire notre action dans la durée. »

Pay Your Interns atteint près de 1 000 soutiens sur Facebook et des associations de stagiaires dans des villes non-européennes, telle que New York. À Genève, le mouvement a organisé deux événements en plus de celui d’hier : la participation au défilé du 1er mai 2015 ainsi qu’une assemblée générale le 19 mai 2015. Pay Your Interns peut compter sur le soutient d’associations telles que la Graduate Institute Student Association (GISA), la Conférence Universitaire des Associations d’Etudiantes de l’Université de Genève (CUAE) et la Geneva Interns Association (GIA).

Pour l’instant, l’ONU a peu réagit au mouvement. Le 1er mai dernier dans 20 Minutes, l’organisation, soumise uniquement au droit international, estime qu’elle offre «une expérience inestimable» et «la possibilité à des étudiants diplômés d’améliorer leurs connaissances sur l’ONU».

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