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Elections européennes : Interview de Laure Gisie (Parti animaliste, France)

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: Laure Gisie, co-présidente du Parti animaliste et candidate pour ce même parti (source : Parti animaliste)

Le 26 mai au soir, nous connaîtrons les noms des 79 eurodéputé(e)s français(e)s, 5 ne siégeront pas en attendant le Brexit. Pour avoir des élus, il est nécessaire de dépasser la barre des 5 pourcents. Et si après avoir obtenu des eurodéputé(e)s en Allemagne et aux Pays-Bas en 2014, les défenseurs des animaux en obtenaient en France ? Laure Gisie, en 5e place sur la liste menée par Hélène Thouy, nous en apprend plus sur ce jeune parti.

1) Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parti ?

Je suis diplômée d’un Master en Droit des animaux et je suis actuellement en train de terminer un second Master en Droit de l’environnement. Depuis l’enfance, je suis très engagée dans la cause animale. Aujourd’hui je m’occupe plus particulièrement du sort des lévriers espagnols puisque je suis responsable du service juridique et du suivi des adoptions d’une association de sauvetage des galgos. La politique me semble être la meilleure stratégie afin de faire évoluer le sort réservé aux animaux. Ma sensibilité envers les animaux m’a poussé à m’engager auprès du Parti animaliste afin de mettre mon engagement politique en accord avec mes principes et mon mode de vie. Le Parti animaliste a été lancé officiellement le 14 novembre 2016. Son objectif est de contribuer à faire émerger la question animale en politique et à la rendre incontournable, face aux décideurs politiques qui ne se positionnent pas sur la question animale, préférant l’ignorer. L’ambition du Parti animaliste est de donner de la visibilité à cette question grâce à un programme élaboré en vue de prendre en considération les intérêts des animaux et de les inclure dans les politiques publiques. Lors des élections législatives de 2017, le Parti animaliste a présenté pour la première fois 147 candidats qui ont obtenu une moyenne de 1,1 % en métropole, malgré un budget particulièrement réduit, démontrant ainsi les attentes de la population en ce sens. Le Parti animaliste entend s’inscrire dans une dynamique internationale et dans la durée : il sera présent aux futures élections européennes.

2) En Suisse, en France et dans de nombreux autres pays les jeunes manifestent pour le climat. Quelles réponses, notamment au niveau européen, avez-vous à apporter à cette mobilisation ?

Le Parti animaliste propose d’intégrer dans l’ensemble des politiques publiques la question animale. Il est clairement établi qu’il existe un lien entre la consommation de produits d’origine animale et le changement climatique notamment dans la mesure où l’élevage est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre. En termes de mesure, il est donc fondamental de travailler à la réduction de la consommation de viande. Par ailleurs, nous nous réjouissons de constater que les jeunes se mobilisent pour le climat et pour les animaux. Le Parti animaliste était d’ailleurs présent à la marche pour le climat.

3) De manière générale quelle est votre opinion et votre projet à propos de l’Union Européenne et de ses institutions ?

Nombre d’évolutions concernant la protection des animaux en France proviennent de normes européennes. Cependant, si l’Union européenne est à l’origine de certaines avancées, force est de constater que ces dernières années elle brille par son inaction, pire, par ses blocages, et empêche toute amélioration significative du sort réservé aux animaux. Élevages en cage, transports internationaux innommables, abattage des animaux dans d’extrêmes souffrances, la liste est malheureusement beaucoup trop longue. Nos impôts subventionnent ces sévices via les aides de la politique agricole commune (PAC), sous l’emprise du lobby agro-industriel, alors même que 80 % des Français jugent que la question animale est importante, et que 67 % constatent que les animaux sont mal défendus par les politiques*. Pourtant, la PAC pourrait être la solution pour impulser un véritable changement dans les politiques agricoles des États membres. Afin de permettre à ces derniers de mieux faire respecter leurs législations et de faire avancer les conditions de traitement en les rendant plus favorables aux animaux, nous proposons un statut juridique plus ambitieux, des contrôles plus fréquents et des sanctions plus contraignantes. Pour améliorer le sort des animaux, nous proposons notamment la création d’un poste de commissaire chargé de la protection des animaux ou encore la mise en place d’une vidéo-surveillance systématique dans tous les lieux engendrant des souffrances aux animaux (abattoirs, bateaux de pêche, laboratoires, zoos, delphinariums, animaleries, arènes).

 4) Comment envisagez-vous les relations entre l’Union Européenne et les pays non-membres comme la Suisse ?

L’Union européenne doit travailler à assurer partout où elle en a la compétence la protection des animaux. Elle doit donc adopter des mesures tendant à y contribuer. Il en est par exemple ainsi de l’interdiction du transport d’animaux vivants vers des pays tiers de l’UE ou de l’importation de produits ne répondant pas à ses standards de protection animale. Elle devrait également s’inspirer des pays qui sont plus ambitieux qu’elle sur la protection des animaux pour élever ses standards.

5) Le projet européen se manifeste notamment par Erasmus, que peut faire l’UE de mieux et de plus sur les questions d’éducation et de jeunesse ?

Le Parti animaliste souhaite développer l’enseignement du respect et de l’empathie envers les animaux, ainsi qu’une initiation à l’éthologie dans l’éducation. L’Union européenne pourrait y contribuer en favorisant des projets et des échanges allant dans ce sens.

6) Les élections européennes se tiendront bien évidemment en France mais aussi dans l’ensemble des pays membres, avez-vous des alliés dans d’autres pays ?

Le 4 avril dernier, à Bruxelles, se tenait le lancement d’Animal Politics, collectif composé des 11 partis animalistes européens organisé en vue des prochaines élections européennes. À l’heure actuelle, Anja Hazekamp (Pays-Bas) et Stefan Eck (Allemagne) sont les seuls députés européens à avoir été élus au Parlement européen parmi les partis pour les animaux. Mais pour la première fois de l’histoire, pas moins de 11 partis pour les animaux de toute l’Europe se préparent à participer aux élections au Parlement européen. Ces partis viennent des Pays-Bas, de Belgique, de France, d’Allemagne, de Finlande, de Suède, d’Espagne, du Portugal, d’Italie, de Chypre et éventuellement du Royaume-Uni. Lors de la conférence de presse tenue au Parlement européen, ils ont présenté leur manifeste commun. La coalition des partis animalistes européens portera les intérêts des animaux lors de ces élections européennes du 26 mai prochain. Ainsi, les électeurs pourront voter sans ambiguïté pour la cause animale.

 7) Votre liste est centrée sur la question du bien-être animal, pourquoi ? Et quelles sont vos priorités sur ce sujet ?

Le choix du Parti animaliste de ne se positionner que sur la question animale et sur les thématiques qui s’y rapportent tend à visibiliser cette question qui est actuellement diluée, voire marginalisée au profit d’autres questions et de permettre ainsi de montrer qu’elle est susceptible d’avoir un électorat qui lui est propre. Avec son programme monothématique, le Parti animaliste souhaite inciter les partis traditionnels à s’emparer de la question animale puisqu’il les invite à prendre des mesures qu’il porte, mais aussi à obtenir des élus pour pouvoir agir directement dans les institutions.

8) Et pour finir, en quelques mots, dites-nous pourquoi les français(es) devraient voter pour vous et votre liste ?

En votant pour le Parti animaliste, vous contribuez à montrer qu’il existe un électorat pour lequel la question animale est une priorité. La stratégie d’un parti monothématique axé sur la place accordée aux animaux au sein de notre société prend ici pleinement son sens : chaque voix donnée au Parti animaliste l’est, sans ambiguïté, uniquement pour faire avancer la cause des animaux. Par conséquent, ce vote est utile, car il conforte le mouvement en faveur de la cause animale. Il contribue à imposer la question du sort réservé aux animaux comme un sujet dont l’ensemble de la société et des décideurs politiques doivent s’emparer sans délai.

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