Tableau de la valeur nutritionnelle en Suisse : à quand un système plus clair ?

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Le débat est relativement récent, mais il pourrait devenir crucial : selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « à l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975. (…) En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses » (1). En cause, principalement la malbouffe. Pour lutter contre cette « épidémie d’obésité » grandissante, il faut éduquer les consommateurs, qui se doivent d’être mieux renseignés sur leur alimentation.

En effet, les seules indications disponibles sur la qualité d’un aliment se trouvent dans le tableau de la valeur nutritionnelle, obligatoire en Suisse depuis 2016  (2) (seulement). Cependant, ce tableau est quasiment impossible à comprendre si l’on n’est pas nutritionniste. En effet, on y trouve toutes sortes d’éléments : glucides, graisses saturées ou valeur quotidienne. Il n’est généralement pas mis en avant sur les emballages des aliments, et les consommateurs qui essaient de s’y intéresser sont vite découragés : beaucoup de chiffres et de pourcentage, sans indication claire.

En Europe, la question d’un modèle plus compréhensible se trouve sur la scène publique depuis plusieurs années. Moyen de lutte contre l’obésité croissante, une simplification de ce tableau est demandée par certains consommateurs, qui se disent incapables de déchiffrer les informations du tableau. De nombreux exemples ont été proposés pour le simplifier, et deux d’entre eux sont particulièrement mis en avant :

Premièrement, le Nutri-Score (3), qui est un modèle simplifié du tableau de la valeur nutritionnelle. Il a été développé par des chercheurs français présentés comme indépendants, ce qui laisse peu de place à l’influence des lobbys alimentaires. Le Nutri-Score part sur une base de 100 grammes du produit alimentaire, et y analyse le pourcentage des nutriments dits positifs (fibres, protéines, …) et celui des composants présentés comme mauvais pour la santé (sucre, graisses, sel, …). Le concept du Nutri-Score est simple : il associe un code de cinq couleurs et d’autant de lettres pour rendre compte de la qualité nutritionnelle d’un produit. La lettre A renvoie au vert foncé, et est donc la meilleure proposition nutritionnelle ; à l’inverse, la lettre E se trouve dans le rouge, indiquant une mauvaise qualité nutritionnelle. Ce modèle est donc facile à comprendre pour le consommateur, qui analyse d’un coup d’œil si le produit est « bon » ou « mauvais » pour sa santé.

https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sante/industriels-pries-dadopter-Nutri-score-letiquetage-nutritionnel-simplifie-2017-10-31-1200888596

Autre proposition intéressante, le Traffic Light, qui a aussi été développé par des chercheurs indépendants (4). Un peu plus compliqué que son semblable français, il simplifie également le tableau de la valeur nutritionnelle, mais n’indique pas clairement la possibilité d’un choix final. Le consommateur est informé de la teneur en calories, graisses, sucres et sel du produit, chacune associée à une couleur. Sa mise en place a été difficile, car le système des fabricants alimentaires lui a fait de l’ombre (5) (voir plus bas).

Les avantages de ces deux simplifications sont clairs : en ayant plus rapidement accès à une information simple et concise, le consommateur serait mieux informé et ferait donc des choix plus judicieux pour sa santé, ce qui, en plus de favoriser l’accès à une alimentation équilibrée, lutterait contre l’obésité croissante et les mauvaises habitudes alimentaires.

Cependant, suite à la présentation de ces modèles simples et concis, les industries agro-alimentaires ont eu peur de perdre leurs bénéfices : en effet, l’instauration de ce genre de modèle les pousserait à améliorer la qualité de leurs produits afin d’être assurées de séduire le consommateur (6). Plusieurs grands groupes tels que Nestlé, Unilever ou Coca-Cola ont alors proposé un troisième modèle de présentation de la valeur nutritive, nommé ENL (Evolved Nutrition Label, aussi connu sous le nom de Nutri-couleurs) (7). Ce système se rapprochait du tableau britannique Traffic Light, mais il ne prenait pas comme base les portions de 100 grammes : certains aliments étaient alors présentés comme plus sains dans la configuration ENL que dans les modèles britanniques ou français. Devant les protestations des consommateurs qui criaient à la manipulation, Nestlé s’est premièrement retiré du projet, puis a été suivi par l’ensemble du groupe.

http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/Nutri-Score-quel-impact-sur-les-tailles-de-portions-selectionnees

En France, le système Nutri-Score a été adopté en octobre 2018, suite à la signature de l’arrêté recommandant son utilisation (8). Son homologue britannique est quant à lui en vigueur depuis 2013 (9). Bien que les deux modèles ne soient pas (encore) obligatoires dans leurs pays respectifs, la situation suisse laisse à désirer sur ce sujet : les autorités ne se sont prononcées sur aucun système et n’ont donc pas apporté de solution à la compréhension du tableau de la valeur nutritionnelle. Pourtant, selon un sondage récent de la Fédération romande des consommateurs (10), près de 2000 consommateurs ont affirmé leur volonté d’être mieux informés, et se déclarent favorables à l’instauration d’un modèle tel que le Nutri-Score ou le Traffic Light. Politiques, nous n’attendons plus que vous

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