Le développement durable… C’est aussi une affaire d’étudiants ! Rencontre avec l’AGEDD

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Rencontre avec Emily Trippel, présidente de l’Association des étudiants genevois pour le développement durable. Les diverses difficultés qu’ils doivent affronter n’entament en rien leur moral ni leur motivation à sensibiliser le monde au développement durable. Entre des repas bio et locaux, des bennes de tri, des conférences et plusieurs autres activités, découvrez une association qui déborde d’idées et d’énergie !

En quelques mots, qu’est-ce que l’AGEDD ?

Emily Trippel : Il s’agit de l’Association genevoise des étudiants pour le développement durable. Notre but est de sensibiliser les étudiants et le personnel de l’université aux diverses problématiques en rapport au développement durable, mais aussi à influencer leurs comportements de manière à les rendre plus conscients et sensibles à ces problématiques.

 

Quels sont les types de projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

E.T : Cette année nous avons été très ambitieux en travaillant sur sept projets. Il y a par exemple le projet uni-propre, qui vise à développer la mise en place de bennes de tri à l’université. Bien qu’elles aient été installées il y a deux ans déjà, on a remarqué quelques problèmes au niveau de l’utilisation : les gens trient mal. De ce fait, on essaie de trouver des astuces pour améliorer le tri. On a aussi organisé une soirée repas  accompagnée d’un débat, la « Biocale ». Le repas a été préparé avec de la nourriture qui nous a été fournie gratuitement tandis que le débat portait sur les produits invendus. Nous avons aussi un autre projet : faire des soirées étudiantes à la Datcha tout en privilégiant la vente d’alcool et nourriture locaux et bio. Sans oublier diverses projections de films tout au long de l’année.

 

Avec qui êtes-vous en partenariat ?

E.T : Il n’y a pas à proprement parler de partenariat. À un moment donné, nous avons eu des propositions de collaboration avec le parti des Verts qui voulait faire des projections de films avec nous. Cependant, en tant qu’association universitaire, et d’après nos statuts, nous sommes apolitiques. Par conséquent nous avons dû décliner leur offre. D’un autre côté, nous avons établi une collaboration avec l’ONG EarthFocus. Nous les aidons chaque année à répertorier des choses en lien avec le développement durable comme la mise en place de magasins bio ou de poubelles de tri. Pour le projet des bennes de tri, il y a un échange qui s’est mis en place avec un laboratoire de psychologie de manière à développer des stratégies pour améliorer le tri. Nous travaillons aussi avec Uni Party, les Bacchanales et la Blackhole dans le traitement des déchets – on fait le tri dans leurs soirées. Par exemple, pour l’édition précédente, nous avons récolté une tonne de gobelets et de verres. Dans un autre ordre, on a eu quelques sponsors comme Swissoja ou l’Union maraichère, qui nous ont offert de la nourriture pour le « repas – débat ».

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce concept de repas ?

E.T : Il s’agit d’une soirée repas  « locarienne », ce qui est la combinaison des termes locale et végétarienne. La première édition a eu lieu l’année passée. Le repas a été fait avec de la nourriture reçue gratuitement de la part de l’Union maraichère et de Swissesoja. Il n’y avait que des assiettes végétariennes qui ont été servies aux étudiants et connaissances présentes. Cela s’est révélé être une très bonne expérience et qui va sûrement être renouvelée.

 

Vous êtes une association qui cherche à modifier le comportement, les dynamiques au sein de l’université. Comment se passent vos rapports avec cette dernière ?

E.T : Nous sommes une association enregistrée mais pas reconnue. Cela implique que nous pouvons utiliser les services de l’université, comme les salles ou les uni-listes. Nous pouvons aussi faire des campagnes d’affichage et utiliser les espaces de l’université pour nos activités ou pour tenir des stands. D’autre part, l’Université vient de créer un nouveau groupe de travail – le groupe env. – qui cherche à traiter des problématiques liées au développement durable. Ce groupe rassemble différents acteurs et nous avons été invités à y participer en tant qu’organe défenseur du développement durable. Les liens semblent se renforcer, bien qu’on aimerait être reconnu et avoir un bureau, des locaux de stockage. Mais ce sera pour plus tard.

 

Comment se fait-il que vous n’ayez pas encore été reconnus et qu’est-ce que cela implique ?

E.T : En tant qu’association non facultaire, il est plus difficile d’être reconnu. Cette situation fait que nous ne disposons pas de fonds provenant de l’Université. Toutefois, elle nous aide de manière ponctuelle comme avec le projet « soit malin, éteins ». Il s’agit d’un projet qui vise à rappeler aux étudiants et aux collaborateurs d’éteindre les lumières. Pour cela nous mettons des étiquettes – financées par l’Université – à divers endroits dans les bâtiments. De plus, nous sommes de plus en plus pris en considération car l’Université a envie de s’inscrire dans une logique de développement durable. En ce moment, il y a de plus en plus d’universités qui entrent en matière au niveau de ces problématiques. Il y a divers classements qui sont fait en fonction de cela. De ce fait, ils nous demandent de plus en plus nos avis et retours sur différentes campagnes qu’ils mettent en place.

 

Il y a deux ans, vous avez mis en place le projet de bennes de recyclage dans l’université. Quel bilan lui donnez-vous ?

E.T : Au tout début du projet, il n’y avait que quelques bennes au rez-de-chaussée d’Uni mail. Cet été, on a remarqué que cela s’était étendu aux étages et dans d’autres bâtiments comme celui des sciences ou de Carl-Vogt. Nous avons contacté la responsable des déchets valorisables à l’Université de Genève  – Mme. France Favarger – qui nous a informé qu’il y avait eu quelques soucis au niveau du tri dans les bennes mais, qu’ils avaient néanmoins étendu le projet. Les étudiants triaient mal et jetaient leurs déchets n’importe comment. Il y avait un manque de volonté mais également un manque d’information au niveau de l’utilisation des bennes. Pour remédier à cela, plusieurs stratégies visant à pousser les étudiants à mieux trier – d’où la collaboration avec le labo de psychologie – ont été mises en place. La dernière en date, mise en place par le service des déchets de l’Université, consiste à mettre en place des dessins de différents produits, avec des croix  pour ce qui n’est pas recyclable. Il faut prendre conscience que si le tri est mal fait, tout est jeté. Prenez le cas du papier : si l’on jette quelque chose de sale, ou qui n’est pas papier, cela risque de contaminer tout le sac et donc empêcher le recyclage de son contenu.

 

Quelles sont vos plus grandes difficultés ?

E.T : Surtout financières. L’association ne dispose quasiment pas de fonds. Le peu qui a été obtenu l’a été par le biais de donations ou des projets à prix libre. Comme le repas organisé l’année passée avec lequel on a réussi à récolter une certaine somme d’argent. Il y a aussi une difficulté au niveau des membres, notamment au sujet de l’engagement. Ils font de l’excellent travail, cependant, il est assez difficile de trouver des gens qui veulent rejoindre l’association, et encore plus dur de faire en sorte qu’ils restent par la suite et s’investissent davantage. Nous manquons aussi de visibilité au sein de l’université. Cela peut s’illustrer par un taux de participation à nos événements plutôt moyen. Mais cela peut être dû aussi au grand nombre d’événements qu’il y a en ce moment à l’université. Cependant, et même s’il n’y a pas beaucoup de gens qui viennent à nos projections de films ou à nos débats, nous avons plusieurs retours par mail, que ce soit de la part d’étudiants, du personnel ou des collaborateurs de l’Université. Ils nous font des commentaires constructifs ou des suggestions. De ce fait, on peut noter qu’il y a un intérêt, une réception de notre message. On manque surtout de visibilité et les gens n’ont peut-être pas suffisamment de temps. Mais c’est en train d’évoluer.

 

Quel type d’engagement attendez-vous des étudiants ?

E.T : L’association dispose de différents niveaux de structure. Il y a le comité, les responsables de projet, les participants, puis les bénévoles. Ils sont tous considérés comme étant membre de l’association mais ont différents niveaux d’engagement. Beaucoup de bénévoles viennent participer lors des événements. Cependant, on aimerait surtout avoir des étudiants qui s’investissent plus, qui prennent des responsabilités en participant à la création de projets. Il y a souvent qu’une ou deux personnes qui se retrouvent à monter un gros projet, ce qui rend la chose plus difficile pour elles. Même si tout le monde fait du très bon travail, on souhaiterait quand même qu’il y ait plus d’étudiants qui prennent plus de responsabilités.

 

Qu’est-ce que l’association t’a apporté au niveau individuel?

E.T : Elle m’a beaucoup apporté, tant sur le  plan personnel que pratique. Cela peut s’illustrer par des choses simples comme la rédaction d’e-mails ou sur la façon de contacter des gens. Mais aussi, comment gérer des tâches, son temps, des personnes et savoir déléguer. Participer à cette association m’a forcé à faire les choses tout de suite. Lorsque l’on est responsable de quelque chose, on apprend beaucoup. Notamment, le fait que tout ce qui n’est pas fait finit par nous retomber dessus et il y a beaucoup de travail en coulisse qui doit être fait. Les gens ne voient pas forcément tout ce qui doit être fait (surtout au niveau de l’établissement de contacts ou dans l’administratif) pour qu’une association puisse marcher. Dans une note plus agréable, on rencontre beaucoup de personnes différentes et intéressantes. Puis c’est aussi une occasion de se faire des amis.

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