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L’AFU se présente comme “la place du village” des associations – Rencontre avec l’Association Faîtière de l’Unige

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En pleines vacances universitaires, Topo a rencontré des représentants de la toute nouvelle Association faîtière de l’Université de Genève (AFU), créée le 19 mai dernier. C’est en terrasse que nous rencontrons Myke Penseyres (co-vice président de l’AFU), Steven Damal et Anthony D’Eredità (co-trésoriers de l’AFU). Ce sont des étudiants d’horizons différents, mais qui ont en commun une même volonté de réunir les associations autour d’une place commune, neutre, avec l’ambition de fédérer, aider, représenter et ainsi développer un véritable sentiment d’appartenance communautaire à l’Unige.

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Topo : Steven tu as dit sur votre page Facebook  que « L’AFU et le projet qui l’entoure sont l’opportunité de combler un manque. » Quel est ce manque ? Comment est née lAFU ?

 Steven : Pour ma part, je suis étudiant en économie et j’avais l’impression qu’il n’y avait pas vraiment de contact entre les associations. On connaissait les gens de vue, mais on n’avait pas vraiment de sentiment d’appartenance. C’était difficile de se sentir membre de l’Unige. L’année dernière, au sein du GSEM (Geneva School of Economics and Management), un conseil consultatif associatif et étudiant, commission ad hoc du décanat, a permis de créer ce sentiment au sein de la faculté. L’idée de l’AFU est de développer cette sensation à l’échelle de l’université. Concrètement, l’AFU nous a permis de rencontrer beaucoup de gens, toutes facultés confondues. Personnellement, je trouve que le monde associatif est en déclin, si on regarde par rapport à l’époque de nos parents, où il semblait y avoir plus d’entrain, plus de projets et plus de concret. Il faut donc travailler pour développer la communauté associative.

Anthony : Je suis complètement d’accord : que ça soit au niveau associatif ou entre étudiants, il n’y a pas forcément de communication, même à l’intérieur d’une faculté. À l’AESc (Association des étudiants en sciences) – dont je suis actuellement vice-président – on a pu bénéficier de la compétence d’UniParty pour nous aider à organiser notre soirée, la BlackHole. En sciences, je connais pas mal de monde, mais en dehors je ne connais plus personne. J’ai même appris, récemment seulement, qu’une très bonne amie à moi avait été présidente d’une association.

Myke : J’étais président d’UniParty il y a un an et je n’avais jamais vraiment rencontré d’autres présidents d’associations, sauf de manière ponctuelle. Dans les premières réunions de l’AFU, on demandait souvent « combien de présidents d’associations avez-vous rencontrés ces six derniers mois et combien en avez-vous rencontrés ce soir ? ». La différence était assez flagrante. C’était intéressant, car cela montre la capacité de synergie et de rencontre de l’AFU.

Topo : Vous déclarez votre faîtière comme étant apolitique et apartisane. Quest-ce que cela veut dire ? Quelle est la différence entre les deux termes, concrètement pour lAFU ?

Myke : Si on veut fédérer tout le monde, il faut être apolitique. Pour fédérer, il faut que l’AFU soit apolitique afin d’accueillir des avis divergents.

Anthony : Apartisan signifie que nous ne sommes liés à aucun parti, ni à aucune idéologie. Si nous étions seulement apartisans, on pourrait faire de la politique sans suivre un parti. Cependant, nous sommes à la fois apartisans et apolitiques donc il s’agit de ne pas faire de politique du tout. Peut-être que le terme apartisan est en trop si on se définit comme apolitique.

Topo : Cela ne pose-t-il pas problème pour le pôle « affaires universitaires» (lAssemblée des délégués aux affaires universitaires) qui impliquerait un positionnement politique ? 

Anthony : Le pôle « affaires universitaires » n’est pas encore fixé, étant donné qu’il n’a pas encore été approuvé par l’AG. Il est donc impossible pour nous d’en parler concrètement. La ligne directrice qu’on pourrait prendre serait d’offrir des services aux associations d’étudiants. Par exemple, si une association a des problèmes avec ses statuts, cette assemblée pourrait l’aider. Quoi qu’il en soit, si  l’AFU doit se positionner politiquement, il n’y aura que l’Assemblée générale qui pourra le faire : l’ADAU ne sera qu’un exécutif.

Steven : Nous voulons vraiment différencier la politique de la cité, de laquelle nous souhaitons clairement rester à l’écart, et la politique universitaire. On pourrait envisager de gérer la politique universitaire, mais pas la politique de la cité.

Topo : Vous utilisez souvent la métaphore de « place du village » pour parler de lAFU. Quest-ce que cela veut dire ?

Myke : L’idée de place du village vient de l’idée d’être un lieu de rencontre. Ce qui va construire l’AFU, ce qui va la rendre étincelante, ce sont les associations. Le bureau de l’AFU n’est construit que pour être un outil au service des associations. Avec l’AFU, il y a l’idée de développer un réseau d’associations, une filière d’associations.

Topo : LAFU ne pourrait donc pas être un acteur à part entière qui lance ses propres projets ?

Steven : Le but étant avant tout la valorisation des associations, l’AFU peut tout à fait créer ses propres projets, si l’objectif est de les réunir. C’est comme un cadre qui entoure une belle image. C’est un concept assez helvétique : on a tous nos avis différents, mais on a un cadre neutre de débat pour en discuter et arriver à un compromis. L’AFU doit pouvoir être une plate-forme pour un débat apaisé en amont. Le but est d’avoir une bonne atmosphère, une université dynamique à travers les associations. En ce moment, à cause du « principe de non-communication » entre les associations, il y a des obstacles absurdes qui pourraient être réduits. Par exemple, le service juridique de l’ELSA, disposant de qualifications dans la rédaction de statuts, pourrait aider une association qui aurait un problème avec la rédaction de ses statuts. Le problème, c’est que les deux ne sont pas forcément en contact.

Myke : Quand on parle de fédérer les gens, ce n’est pas qu’une expression pour faire joli, cela a une visée concrète : le partage des compétences, à travers un réseau.

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Les membres fondateurs lors de la première Assemblée générale  de l’AFU

Topo : Au niveau de lorganisation vous avez deux présidents, deux trésoriers et trois vice-présidents. Certains pourraient voir des « postes pour rien ». Quel est lobjectif dun bureau aussi important?

Myke : Il faut d’abord rappeler que ce sont avant tout des postes bénévoles qui demandent beaucoup de travail. Les partager entre plusieurs personnes permet d’alléger les tâches. Il y a aussi l’idée du partage de connaissances et de compétences. Les gens peuvent travailler ensemble au sein d’un même poste, même s’ils viennent de facultés différentes. C’est très important.

Anthony : Pour donner un exemple concret, Steven et moi-même sommes co-trésoriers. Je n’ai pas toutes les compétences que Steven a en économie. Il y a un vrai partage de connaissances, ce qui nous rend plus efficaces.

Myke : Le but de l’AFU est de permettre aux personnes de se rencontrer afin qu’ils découvrent leurs intérêts communs. Le partage des postes est le reflet de cette mentalité.

Topo : L’AFU regroupe pour l’instant dix-sept associations membres sur une centaine d’associations au total à l’Unige. Le projet AFU suscite-t-il autant d’intérêt de la part des associations que vous l’aviez espéré ? 

Myke : Je trouve que c’est un excellent départ ! C’est un projet bénévole ! Les associations sont venues petit à petit et le projet s’est construit comme ça. En un an, le projet est passé de l’état d’idée à un projet concret où tous les bâtiments et toutes les facultés sont représentés. Le chiffre de cent associations existe, mais il faut le relativiser à la taille des associations. De grandes associations dynamiques ont rejoint l’AFU.

Anthony : Il y a aussi certaines associations qui ont un discours que je trouve légitime, qui consiste à attendre de voir ce que va donner le projet avant de le rejoindre. Pour l’heure ce n’est pas le moment du bilan. On pourra faire un bilan dans un an.

Myke : Il y a aussi des associations qui attendent leur AG (Assemblée générale) à la rentrée avant de se décider.

Anthony : Quoi qu’il en soit, on ne part pas du principe que maintenant que l’on existe, les associations viennent d’elles-mêmes. On est disposé à entrer en contact avec les associations intéressées, à discuter avec elles, à aller vers elles.

Topo : Pourtant, dans les réunions préliminaires, il était question de faire membre de lAFU automatiquement toute nouvelle association de lUnige. Est-ce que cela marque un changement de mentalité ?

Anthony : Au niveau juridique, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas possible.

Myke : Il y a vraiment un but affiché d’aller vers les associations. Par exemple, le contact avec les associations est inscrit dans le cahier des charges du vice-président.

Topo : Vous naffichez pour linstant quun seul projet propre à lAFU (Épilogue). Quels sont vos projets pour lannée prochaine ?

Myke : Notre premier projet est avant tout de rassembler les associations. Il ne suffit pas de vouloir rassembler pour que cela se fasse. Il faut y travailler. C’est le but du bureau.

Anthony : On discute en ce moment de projets pour l’année prochaine, mais ils doivent encore être validés par l’AG. C’est encore prématuré d’en parler, car cela risque de changer.

Myke : Encore une fois, ce sont les associations qui sont décisionnelles. Le bureau dépend du choix des associations. On est comme un mur qui encadre et aide les projets associatifs. Nos projets dépendent donc des associations.

Topo : Par extension, vous dites représenter tous les étudiants en général. Ne craignez-vous pas que les étudiants non membres d’associations ne vous reconnaissent pas ?

Myke : C’est un excellent point. Lorsqu’un étudiant a des problèmes, il va voir d’abord son association facultaire et/ou la CUAE. Nous, on veut fédérer les associations. Un étudiant qui n’a rien à voir avec le milieu associatif ne doit pas contacter l’AFU directement. Nous voulons travailler avant tout avec les associations.

Anthony : Si un étudiant ne s’identifie pas au projet, il ne sera pas dedans d’office. S’il estime qu’il n’en a pas besoin, il peut ne pas reconnaître l’AFU, évidemment.

Steven : Le but de l’AFU est d’améliorer la vie des étudiants par ricochet. L’AFU est avant tout un outil pour les associations. Sachant que le but des associations est de valoriser leur faculté, par extension, si on aide les associations, on participe aussi à améliorer la vie des étudiants.

Anthony : L’AFU n’a pas la prétention d’être en avant dans les projets.

Topo : Est-ce que ce nest pas contradictoire avec lidée de communiquer pour fédérer ?

Anthony : On veut communiquer auprès des associations.

Steven : Le problème dans l’idée générale de faîtière, c’est qu’on a tout de suite une vision hiérarchique, alors que ce n’est pas la prétention de l’AFU. On ne veut pas être là pour dire aux associations que faire.

Topo : Au niveau relationnel avec les étudiants, il y a quand même une idée de hiérarchie, de strates, puisque vous dites que les étudiants ne peuvent pas, en priorité, passer par vous, mais doivent d’abord passer par leurs associations facultaires ?

Myke : On peut jouer avec les mots si on veut. Aujourd’hui, il y a de moins en moins  d’étudiants qui veulent faire partie d’associations, car cela demande du temps et du travail. Le but de l’AFU, c’est d’aider les associations à valoriser les étudiants, même s’ils ne font pas partie d’une association. Pour nous, les associations ne sont pas supérieures aux étudiants, elles sont à leur service. C’est pour cela que je n’aime pas trop l’idée de hiérarchie. L’AFU, c’est plutôt un cadre.

Anthony : Pour donner l’exemple d’Omnisciences (ndlr : le journal des sciences), Bastien Néel, le fondateur, qui ne faisait partie d’aucune association, est passé par l’association de chimie pour demander comment il pouvait concrétiser son projet. L’association de chimie l’a renvoyé à l’association des sciences (AESc), qui fonctionne comme une faîtière facultaire. L’association de chimie l’a soutenu auprès de l’AESc et le projet a été lancé pour faire l’excellent journal qu’on connaît aujourd’hui. À l’AFU, le même principe serait possible : il y a des passerelles, donc l’idée de strates ou de hiérarchie n’est pas forcément juste.

Topo : Votre position apolitique vous interdit (sauf directive de l’AG) de prendre des positions pour défendre les intérêts politiques/syndicaux des étudiants. Du coup, est-ce que vous envisagez une collaboration avec la CUAE ? Est-ce que vous vous voyez comme deux organisations complémentaires ?

Myke : Oui, on se voit entièrement comme complémentaire avec la CUAE. Contrairement à ce qu’on a entendu, on ne veut pas remplacer la CUAE dans son rôle syndical, car on pense qu’elle est indispensable dans ce rôle. Ils sont excellents dans ce qu’ils font.

Steven : Les secrétaires permanents disposent d’une expertise acquise au long de leurs années d’expérience. L’AFU n’a aucune envie de mettre son pied là-dedans pour compliquer ce qui existe déjà. On ne prétend pas avoir un rôle [syndical] pour lequel on n’est pas formé.

Myke : L’AFU n’est pas une personne qui a dit : « Je vais créer l’AFU. » L’AFU est née d’un manque qui n’a rien à voir avec la défense des étudiants puisque la CUAE le fait très bien. L’AFU est là pour répondre à ce manque de sentiment d’appartenance et rien d’autre.

Anthony : On n’a pas rompu les discussions avec la CUAE, c’est très important pour nous de communiquer avec cette dernière. On ne se dit absolument pas « maintenant qu’on est créé, on rompt les discussions ».

Myke : C’est là que les journaux universitaires ont un rôle à jouer. J’ai vu beaucoup d’encre couler sur le « clash entre CUAE et AFU », alors qu’à aucun moment nous n’avons parlé de clash. C’est un projet différent, avec ses subtilités. La CUAE et l’AFU n’ont pas les mêmes visées et ne sont pas opposés. Les journaux universitaires devraient ne pas opposer les deux entités et plutôt expliquer comment elles sont complémentaires.

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