Pourquoi faire ses travaux de séminaire ?

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Dans un de mes séminaires je fais un travail de groupe avec trois autres personnes. C’est un de ces fameux travaux de groupe où au moins une personne ne fait jamais rien. Cette personne qui se débrouille toujours pour en faire le moins possible, vous l’avez déjà certainement rencontrée, et si ce n’est pas le cas, alors vous en êtes une (ce qui explique pourquoi les gens ne se mettent plus à côté de vous en séminaire). Je parle évidemment de l’étudiant qui, dans un groupe de travail, profite de votre bonne volonté, de votre allégresse et de votre ardeur au travail : le free rider. Parfois je m’amuse de ces free riders, qui sont quelques fois gênés plus que nécessaire lorsqu’ils réalisent que vous en faites plus qu’eux. Dans certains cas, ils n’y sont pour rien : certains travaillent à côté de l’uni, d’autres ont été ambitieux sur leur semestre en prenant un cours de trop, d’autres encore ont tout simplement des difficultés à gérer leur emploi du temps (qui n’en a pas à l’uni). Mais qu’ils aient une excuse ou non, au final le résultat est le même : le travail est fait par d’autres et ils en profitent les saligauds ! Du coup, je me suis posé la question : pourquoi pas moi ? Et si je devenais free rider pour un cours, voire plus, pour tous mes travaux de séminaires ? Après tout, un travail de plus ou de moins, si ça marche, autant aller jusqu’au bout.

En dehors des questions morales, qui ne m’intéressent pas ici, on peut se demander pourquoi on ne devient pas tous des free riders pour nos séminaires, nos cours, notre parcours. Pour cela on peut se référer à la théorie du passager clandestin (oufree rider). Ce concept de science économique est aussi utilisé en science politique pour développer des stratégies de gestion des biens publics. Agir en tant que free rider permet de bénéficier des avantages d’une lutte sociale sans en supporter les coûts. Par exemple, on peut imaginer que lorsqu’une partie des TPG fait grève, les chauffeurs non-grévistes sont aussi contents de bénéficier de nouveaux avantages sociaux alors même qu’ils n’ont pas participé à la grève.

Cependant, pas tout le monde n’agit comme un free rider car chacun a des intérêts sélectifs qui encouragent à « bien agir ». La plupart d’entre nous voudront faire au mieux leurs travaux de groupe car ils ont certainement des intérêts personnels à le faire. Par exemple, on peut considérer que le travail de séminaire, au-delà de la simple note, fournit plusieurs compétences pour la suite de notre parcours. Ainsi, en faisant correctement un premier travail, on pense pouvoir faire le suivant plus rapidement grâce à notre expérience acquise. D’autres encore n’oseront pas resquiller car la pression sociale du groupe ou de leur propre conception morale sera trop forte. « Mais alors ? me direz-vous, peut-on éviter cette sensation désagréable au moment de rendre un travail de groupe qui a été, pour vous, le fruit de plusieurs heures de labeur, mais qui, pour votre collègue resquilleur, l’affaire de deux minutes, le temps d’y inscrire son nom ? » Mancur Olson pensait mettre en place des taxes sur les biens publics que les personnes n’entretenaient pas suffisamment bien de manière volontaire. Il paraît difficile de taxer un des membres de votre groupe de travail. Vous pouvez toujours dénoncer, mais avez-vous vraiment le cœur à la délation ?

Et puis, d’une certaine façon, on peut tous se considérer comme des free riders à un moment ou à un autre. On essaie de faire des tâches au moindre coût, parfois quitte à duper ou à manipuler les autres. Qui n’a jamais feint une grippe pour cacher un lendemain de soirée et ne pas travailler en groupe le lendemain ? D’un côté ou d’un autre, on est tous le free rider de quelqu’un, pas (toujours) par mauvaise volonté, mais parce qu’on agit de manière plus ou moins rationnelle en faisant un calcul coût-bénéfice. Mais est-ce toujours la meilleure façon de se comporter ?

Rendez vous dans une semaine pour une nouvelle chronique

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